Un opticien-lunetier fournit des services complets de correction de la vue, lunettes, lentilles de contact et autres aides optiques (loupes, jumelles …). Il offre aux clients des options de verres et de montures répondant à leurs besoins, assure la découpe et le montage des verres, place les lentilles prescrites dans les montures et ajuste les lunettes au visage. Il effectue aussi la réparation des lunettes et des appareils d'optique...

Un opticien-lunetier fournit des services complets de correction de la vue, lunettes, lentilles de contact et autres aides optiques (loupes, jumelles …). Il offre aux clients des options de verres et de montures répondant à leurs besoins, assure la découpe et le montage des verres, place les lentilles prescrites dans les montures et ajuste les lunettes au visage. Il effectue aussi la réparation des lunettes et des appareils d'optique. Dans le cas des lentilles cornéennes (lentilles de contact correctrices), il en contrôle l'adaptation au client. Les opticiens peuvent être autorisés à adapter les lentilles et à effectuer certains tests de vision (bilan de la vision, mesures optométriques), mais ils ne sont pas autorisés à diagnostiquer ou à traiter les maladies oculaires. Dans leur environnement de travail, les opticiens-lunetiers sont confrontés à un certain nombre de risques professionnels, ergonomiques, chimiques, physiques, et psychologiques, qui varient en fonction de leur lieu d’exercice (atelier ou magasin de détail) :

• Ergonomiques : troubles musculo-squelettiques de la position debout prolongée et autres postures contraignantes (position penchée …).
• Chimiques : exposition cutanée ou respiratoire avec des produits toxiques volatils (solvants, colles …).
• Physiques : coupures, blessures causées par des outils tranchants ou par des projections de débris de verre, chutes de plain-pied, fatigue oculaire, électrocution ...
• Psychologiques : proximité étroite avec le visage du client, situation entrainant une forte charge mentale (personnes difficiles voire agressives, …).

Enfin, les magasins et ateliers des opticiens-lunetiers sont des locaux à risque électrique, et comme tout commerce en contact avec le public, peuvent être le lieu de violences de la part de la clientèle.

Par des mesures de prévention appropriées, collectives et individuelles, on peut réduire toutes ces expositions et diminuer fortement les risques professionnels des opticiens-lunetiers, avec des précautions de sécurité appropriées : la réduction des risques porte essentiellement sur la protection oculaire, une ventilation adéquate des locaux, la prévention des troubles musculo-squelettiques, le port de gants et lunettes de protection chaque fois que nécessaire, les techniques de coping pour faire face à la violence …

Les principaux risques professionnels des opticiens-lunetiers

• Les risques ergonomiques des opticiens

- Le danger lié aux contraintes posturales : le travail debout prolongé avec piétinement dans l’espace restreint du magasin, la posture en antéflexion du rachis sur le plan de travail ou sur l’écran sont des contraintes physiques constantes chez les opticiens entrainant des pathologies ostéoarticulaires : le piétinement engendre des jambes lourdes, des varices, ainsi que des œdèmes des membres inférieurs, la posture en antéflexion du rachis génère des troubles musculo-squelettiques des membres supérieurs, des rachialgies.
- Le danger des mouvements répétitifs : un des risques professionnels les plus courants chez les opticiens est le développement d'une pathologie due aux mouvements répétitifs, qui survient lorsque les mains et les poignets sont obligés d'effectuer le même mouvement pour ceux qui effectuent des travaux à la chaîne de montage. Les opticiens risquent de développer un syndrome du canal carpien, des foulures du pouce, …

• Les risques chimiques des opticiens

- Le risque chimique des lunetiers est souvent sous-estimé : ces risques chimiques proviennent par exemple du contact avec les solutions de nettoyage et autres produits chimiques utilisés dans le traitement des lentilles. Ceux-ci peuvent provoquer des irritations cutanées ou des problèmes plus graves en cas d'ingestion ou d'inhalation, notamment les produits utilisés dans le montage des lunettes (colles et solvants). Les projections de liquides peuvent également provoquer des effets nocifs pour les yeux.
- Pour le nettoyage des verres, l’opticien-lunetier utilise des solvants organiques (acétone diméthylcétone propanone, alcools, éthers de glycol...) ayant des qualités dégraissantes ou de suppression des différents marquages ou repères apposés lors de la fabrication.
- On retrouve aussi une exposition aux colles cyanoacrylates, au nickel des pièces et des outils à main, aux produits de coloration des verres (matière colorante anthraquinone, matière colorante azoïque).
- Les effets sur la santé peuvent être nombreux car, à la longue, la mise en œuvre de ces produits expose les lunetiers à des risques toxiques par inhalation de composants organiques volatils ou pénétration cutanée : risques d'irritations et d'allergies respiratoires, de dermatoses professionnelles, risques de cancers, de troubles neurologiques. Les rhinites, asthmes, irritations respiratoire et oculaire (conjonctivite, kérato-conjonctivite), céphalées, dermites, eczémas, sont les pathologies les plus fréquentes.
- Certains produits pouvant contenir des substances CMR (Cancérigènes - Mutagènes - Reprotoxiques), et il ne faut pas y exposer les femmes enceintes.

• Les risques physiques des opticiens

- Des outils tranchants, piquants et outils d'ajustage sont utilisés lors de la découpe et du montage des verres compensateurs dans les ateliers des opticiens.
- La taille des verres (meulage, perçage, ébavurage du verre) peut causer de graves coupures, avec une surinfection potentielle.
- Les machines, meuleuses et polisseuses, sont à l’origine de projection de corps étranger dans l’œil (notamment poussières de verre organique ou minéral lors du détourage des verres neufs), et les parties en mouvements de ces machines sont dangereuses (coupures aux mains, contusions, écrasements, happements).
- La flamme du chalumeau à braser et la chaufferette peuvent occasionner des brulures.
- Les accidents dus à une glissade, à un faux-pas ou à un trébuchement sont des risques courants. Les opticiens risquent de tomber et de se blesser au travail : des sols encombrés, mouillés, inégaux, parfois sur plusieurs niveaux ou un escalier d’accès à une réserve abrupt et mal éclairé, sont propices aux chutes de plain-pied et pertes d'équilibre. Ces chutes de plain-pied sont fréquentes dans les magasins et peuvent occasionner des lésions sérieuses. Les lésions sont le plus souvent cutanées et/ou ostéoarticulaires : la foulure, l'entorse, les contusions, plaies cutanées et hémorragies, la fracture sont les lésions les plus courantes.
- Les chutes de hauteur depuis un escabeau ou un tabouret en équilibre instable pour attraper ou ranger des objets sur une étagère, sont fréquentes avec plaies et hématomes, fractures et entorses.
- Les opticiens connaissent des taux de fatigue oculaire plus élevés que la plupart des autres professions : les fortes contraintes visuelles exposent les opticiens à des risques oculaires importants.
- Les opticiens travaillent sous des lumières fluorescentes ou des LED toute la journée, ce qui peut entraîner une fatigue oculaire et une éventuelle perte de vision au fil du temps.
- La fatigue visuelle par éblouissement, par travail en vision de près est fréquente chez les opticiens, surtout chez ceux qui ont déjà des défauts de l'œil (myopie, hypermétropie, astigmatisme, troubles de la convergence, presbytie) qui rendent l'effort oculaire plus important. L'œil n'est pas adapté pour cette accommodation permanente et les muscles oculaires se fatiguent après des efforts prolongés en vision rapprochée pour les travaux très fins (travail sous loupe). Par ailleurs, la fatigue visuelle sera d'autant plus intense que le poste est peu ergonomique. Cette fatigue des muscles oculaires se traduit par une vue de plus en plus trouble au fur et à mesure de l'effort, des picotements et rougeurs oculaires, des larmoiements, des clignements intempestifs des paupières, des maux de tête et est susceptible de favoriser une myopie et une cataracte ...
- Des risques d’électrisation et d’électrocution sont engendrés par l’utilisation d’une installation électrique ancienne ou non conforme aux normes (mauvaise mise à la terre, absence de disjoncteur différentiel …). L’électrisation/électrocution par contact avec un conducteur sous tension (décorations lumineuses des magasins, rallonge avec fils dénudés …) ou par utilisation d’outillage mal entretenu ou de prises défectueuses, sont des dangers potentiels.

• Les risques psychologiques des opticiens

- Le travail en contact avec le public est un facteur de stress : des clients peuvent être violents ou le devenir dans certaines situations, particulièrement lors des manques réels ou imaginaires de qualité de service, des promesses commerciales jugées non respectées … qui multiplient les clients non satisfaits et fournissent des raisons à des personnes pour lesquelles les facteurs individuels psychologiques (maladie mentale ou abus d'alcool ou de drogues) ou sociaux (chômage, situation de précarité) rendent agressives.
- La violence peut prendre plusieurs formes et sont fréquentes dans certaines surfaces commerciales : incivilités, vols à l’étalage, agressions verbales, physiques ou psychologiques (menaces) qui, à la longue, induisent un stress qui peut provoquer des altérations psychologiques, pouvant conduire à différents troubles somatiques (maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles gastro-intestinaux), et des états d’anxiété et dépressifs …
- En tant qu'opticien, ce métier, à la fois commercial et médico-social, ajoute un élément complémentaire de risque psychologique générant une charge mentale particulière, due à la contrainte relationnelle face à des personnes différentes, à des personnalités difficiles, dont le visage est proche (en plus d’un risque biologique éventuel en cas de malades contagieux).
- Les gênes auditives provoquées par le travail dans des galeries commerciales très fréquentées et animées (musiques d’ambiance …) et/ou de rues très passagères peuvent représenter aussi une nuisance ayant des répercussions psychologiques (nervosité, manque de concentration …), et nécessitant éventuellement des protections auditives (bouchons d'oreilles).

Les mesures de prévention des risques professionnels des opticiens-lunetiers

Les moyens de prévention sont relativement simples à mettre en œuvre et efficaces ; mais le problème réside dans le fait qu’il y a une multitude de petites structures dans lesquelles les bonnes pratiques de prévention doit être diffusées.

Les mesures de prévention essentielles résident dans l’installation des locaux, les aménagements ergonomiques du poste et des espaces de travail, la substitution des produits dangereux (lorsqu’elle est techniquement possible), le strict respect des règles d’hygiène et la protection individuelle.

Il convient d’évaluer les risques professionnels et de rédiger le Document Unique d‘Evaluation des Risques Professionnels (DUERP), qui est obligatoire pour tout établissement employant au moins un salarié : la retranscription de cet état des lieux doit conduire à l’élaboration d’un plan de prévention correspondant aux risques identifiés.

• La prévention collective

- L’installation du magasin

La bonne aération et ventilation générale permettent un renouvellement de l’air qui diminue la densité des polluants dans les locaux, en particulier celle des produits volatils. Les entrées d'air doivent être compensées par des sorties forcées. L’utilisation de ces systèmes d’extraction d’air permet d’éviter les affections respiratoires. L'entretien régulier du système de ventilation (nettoyage des conduits d'extraction, changement des filtres) est une condition indispensable de bon fonctionnement. L’utilisation de machines en vase clos (capotage des meules), l’aspiration au poste de travail, le meulage à l’humide, complètent ces mesures de prévention. L’ouverture des récipients de produits chimiques (solvants …) doit se faire seulement lors de leur utilisation et bien les refermer après ainsi que maintenir les poubelles étanches contenant les objets souillés (chiffons, déchets …). Des applicateurs permettent par ailleurs de limiter les quantités utilisées.

Les sols doivent être antidérapants et maintenus propres, secs et rangés pour éviter les chutes, avec dégagement des voies de passage. Il convient d’assurer l'entretien continu des locaux y compris les annexes de stockage (nettoyage, élimination des déchets). Les inégalités de surfaces et/ou obstacles doivent être soit supprimés (bouchage des trous, remplacement des moquettes déformées, …) ainsi que, si possible, les zones avec des différences de niveau, ou alors les munir de signalisation bien visible et moyens de protection (rampes, …).

L’installation électrique doit être conforme aux normes de sécurité électrique (norme NF C 15-100), ce qui est d’autant plus important si le travail s’effectue dans une atmosphère ou avec des mains humides. L’installation électrique (armoires électriques, fils et câbles, éclairage, coupe-circuit) doit être conforme aux normes de sécurité électrique, en particulier, la bonne mise à la terre doit être contrôlée, les prises de courant défectueuses remplacées, les prolongateurs et outils portatifs vérifiés… Un disjoncteur différentiel 30mA doit protéger le circuit électrique. Une liaison de terre équipotentielle doit relier toutes les parties métalliques présentes dans le magasin.

L'environnement de travail doit offrir un éclairage suffisant, une ambiance sonore modérée, une température non excessive ou insuffisante. Des baies vitrées doivent être installées pour éviter les locaux aveugles, avec vue sur l’extérieur ou à défaut avec vue sur la surface de vente. Mais en pratique, la lumière naturelle est rarement suffisante pour une activité professionnelle. Pour assurer un bon confort visuel, il est absolument nécessaire pour l'implantation des luminaires, de connaître et tenir compte de la disposition des équipements pour éviter l'éblouissement direct ou indirect. Il faut entretenir régulièrement les dispositifs d’éclairage (remplacement des tubes fluorescents et ampoules …).

- Les équipements du magasin

Comme toute entreprise recevant du public, les magasins sont soumis à la réglementation ERP : mesures de prévention contre l'incendie et facilitation de l'évacuation du public, extincteurs adaptés aux types d’incendie éventuels avec inspection et entretien réguliers, instructions obligatoires sur l'interdiction de fumer, les moyens de secours, … Les mesures à prendre en cas d’urgence (coupure, brûlure, numéro des services de secours) doivent être connues et visiblement affichées.

Les sièges et les plans de travail doivent être réglables en hauteur pour être appropriés ergonomiquement à la tâche à réaliser. De plus, l'apprentissage et le respect de gestes professionnels corrects sont aussi garants d'une prévention des TMS.

Les outils doivent être choisis pour leur qualité technique et réparation ou suppression de tout outil défectueux.

L’élimination des déchets doit être correcte, c'est-à-dire dans un collecteur ou conteneur spécialement adapté afin d’éviter toute blessure ou contact potentiellement contaminant.

Les équipements de stockage doivent être conçus et mis en place de manière à pouvoir supporter les charges et à empêcher la chute des objets des étagères, qui doivent par ailleurs être facilement accessibles et à faible hauteur.

Les escabeaux et tabourets doivent être conformes aux normes CE (pieds antidérapants...).

La conception des lieux de travail pour prévenir la violence concerne l'éclairage adéquat, suffisant et à l’épreuve du vandalisme à l’extérieur et la surveillance électronique (systèmes de vidéo- ou de radio-surveillance, dispositifs d'alarme et d'alerte) à l’intérieur, le verrouillage ou les obstacles physiques. Dans les cas de violence subie, il est très important de prendre en considération la réalité d'un sentiment d'agression, même si la personne a tendance à minimiser ce sentiment ou à l'exagérer. Des techniques de dialogue et de communication (techniques de « coping ») contribuent à désamorcer les risques, afin d'obtenir un meilleur contrôle émotionnel en situation d'agression, de manière à préparer des vendeurs et vendeuses confrontés souvent à des risques de violence pour qu'ils soient capables de gérer des relations conflictuelles.

• La prévention individuelle

- La protection des mains

La mise en place d’une protection individuelle est nécessaire, puisque la manipulation et le contact avec les produits de nettoyage et de collage restent indispensables.

C’est ainsi que le port de gants s’impose pour réduire le plus possible l'exposition aux agents chimiques nocifs : il s’avère indispensable de porter des gants de protection adaptés à la tâche effectuée et au produit manipulé. Il n'existe pas de gant de protection universel.

Le type de gants (jetables en nitrile, butyle … ) pour éviter la pénétration des produits, doit être adapté aux différents produits utilisés selon leur composition qui figure sur la Fiche de Sécurité (FDS).

D’autres types de gants sont nécessaires pour l'utilisation des machines en mouvement ou chauffantes ou pour la réparation des lunettes.

- Le port de lunettes de protection évite les lésions par projections de produits de nettoyage ou de corps étranger pénétrant dans l'œil.

- La protection du corps

Vêtement de travail (blouse …) lavée fréquemment pour éviter la salissure des tenues et l’imprégnation par les produits manipulés.

- Le matériel de premier secours

Une trousse contenant le matériel de premier secours (désinfectants, pansements, etc.) doit être mise à la disposition de l’opticien-lunetier, et il faut vérifier souvent les dates de péremption du contenu. Toute plaie doit être immédiatement nettoyée, désinfectée et pansée.

- Le respect des règles d’hygiène

Le personnel doit avoir à sa disposition des vestiaires et des sanitaires correctement équipés et en nombre suffisant. Des vestiaires doubles doivent être mis à la disposition des opticien-lunetiers : l’entreposage des tenues de travail doit avoir lieu à l’abri de la poussière et des souillures (le rangement des tenues de ville et des tenues de travail doit être séparé).

- La formation

Formation PRAP (Prévention des Risques liés à l'Activité Physique) : gestes et postures de travail pour améliorer l’ergonomie des mouvements.

Formation à la gestion des relations conflictuelles avec la clientèle.

Formation sur les dangers des produits utilisés et sur les moyens de se protéger : par exemple, connaitre les informations des fiches de sécurité (FDS) des produits, se former aux premiers secours et à la conduite à tenir en cas d'une blessure cutanée ou oculaire.

Juin 2022