Travailler à proximité de l’eau expose au risque majeur de noyade, et cela concerne de très nombreux travailleurs : marins et pécheurs, ouvriers du BTP ou de l’assainissement, professionnels du nautisme, ... Prévenir la noyade est un impératif qui passe d’abord par les mesures techniques évitant une chute dans l’eau, puis par des équipements individuels de flottaison, la disponibilité d’équipements de sauvetage, la prohibition du travail isolé et la formation au sauvetage et aux premiers secours.
Travailler à proximité de l’eau expose au risque majeur de noyade, et cela concerne de très nombreux travailleurs : marins et pécheurs, ouvriers du BTP ou de l’assainissement, professionnels du nautisme, ...
La présence de l’eau dans l’environnement de travail nécessite une analyse des risques et une organisation de prévention et de sauvetage éventuel spécifiques.
Prévenir la noyade est un impératif qui passe d’abord par les mesures techniques évitant une chute dans l’eau, puis par des équipements individuels de flottaison, la disponibilité d’équipements de sauvetage, la prohibition du travail isolé et la formation au sauvetage et aux premiers secours.
Les situations professionnelles à risques de noyade
La gestion de la santé et de la sécurité des travaux sur l’eau ou à sa proximité, en milieu maritime, fluvial, lacustre ou artificiel est indispensable pour éviter les risques de noyade dans de nombreux métiers : le milieu aquatique engendre des situations spécifiques de danger liés aux conditions de travail, et les conditions météorologiques augmentent la probabilité d’accident pouvant mener à la noyade, principal risque des différentes activités professionnelles en rapport avec les milieux aquatiques, étangs, lacs, fleuves, littoral côtier, ports et haute mer, bassins.
- Le risque de noyade par chute dans l’eau est omniprésent sur toutes les embarcations : pèche en mer ou en eau douce, conchyliculture, transport fluvial ou maritime. Les dangers de chute de plain-pied sur des ponts mouillés et mouvants suite à une glissade, ou du fait de heurt par une masse embarquée instable ou mouvante (câbles, cordages ...) ou le balan des dragues ou charges soulevées à bord, sont très fréquents. Le naufrage représente évidemment le risque ultime de noyade.
- Le déplacement sur des surfaces inégales, encombrées, mouillées et glissantes des pontons, des quais, ou des zones de carénage, ou des berges pentues de rivières tumultueuses, les contraintes topographiques de cours d’eau et canaux occasionnent des risques de trébuchement et de glissades provoquant des chutes de plain-pied suivies de chutes dans les eaux des ports, des lacs ou des fleuves et rivières : les travailleurs de la manutention portuaire, de la maintenance nautique, de l’entretien fluvial, d'extraction de sable, graviers ou roches par déroctage ou dragage sur plan d'eau, sont concernés par le risque de noyade.
- Les milieux artificiels des bassins des stations d’épuration et des lagunes de décantation, des bassins piscicoles ou enceintes aquacoles, piscines exposent aussi aux risques de glissades, et de chutes dans l’eau sur des passerelles mal sécurisées, par manque de barrières, absence de garde-corps ou à cause de rambardes détériorées ...
- Les travaux publics sur les ponts (fondations, construction, rénovation ...) franchissant un fleuve ou une autre voie d’eau, de construction d’ouvrages à proximité d’eau (quais, voirie, barrages ...) impliquent la possibilité de chute dans l’eau et l’utilisation d’engins de terrassement ou de manutention pouvant se renverser dans l’eau ou de barges pouvant chavirer.
- Les moniteurs de sports nautiques extérieurs (nage en mer ou en eau vive, voile, canoë, rafting, canyoning, etc.) sont susceptibles de s’exposer à des possibilités de noyade, conséquences en particulier de malaise, de vertige, d’un dessalage ou de chute par-dessus bord ou depuis un quai, de conditions météorologiques défavorables ...
- Les professionnels du secours (pompiers, services d’urgence) peuvent eux-mêmes subir les risques de noyade dans les interventions en cas d’inondations, ruptures de digues, de canalisations sous pression ...
- Une noyade est possible, même avec une faible hauteur d’eau (dès une profondeur de 1 mètre environ), compte tenu des remous, du courant, du sol inégal du fond, des phénomènes de tourbillon ou d’aspiration ...
Les principaux risques d’une chute dans l’eau
Une chute dans l’eau peut entraîner la mort du travailleur, car, même pour quelqu’un sachant nager et en bonne santé physique, les conditions de l’accident créent presque toujours des circonstances aggravantes à la simple présence dans l’eau, avec des situations très difficiles fort éloignées de celles rencontrées dans les pratiques habituelles de nage de loisir :
- La chute dans l’eau peut être la conséquence d’une blessure préalable, altérant l’intégrité musculo-squelettique et/ou neurologique (entorse, fracture, hématome, traumatisme crânien ...) du fait d’un trébuchement ou du heurt avec un objet en mouvement, ce qui obère gravement les possibilités des mouvements de survie dans l’eau.
- Les conditions météorologiques sont souvent mauvaises : vent fort, grosse houle, mer agitée, obscurité, fort courant, froid vif ...
- Les vêtements et chaussures, bottes, voire les équipements de protection terrestre (casques, gants, ...) deviennent très rapidement mouillés, handicapants et lourds, ce qui entrave les mouvements de natation et de flottaison.
- Une chute de hauteur dans l’eau, accidentelle et imprévue, n’est pas contrôlée et peut représenter en elle-même un danger lors du contact avec l’eau, dont le choc avec des débris flottants, ou des obstacles fixes (pieux, rochers, ...).
- Le plan d’eau peut être très peu propice à la nage : eau boueuse, vase, végétation aquatique, branchages, pollution biologique ou chimique ...
- Les risques de noyade hypothermique
C’est parfois l’eau froide (<15°C), plus que d’autres éléments de danger, qui entraîne le décès des travailleurs tombés à l’eau. L'hypothermie causée par une chute dans une eau froide représente la pathologie due au froid la plus grave; elle résulte d'une perte excessive de chaleur corporelle et de l'abaissement consécutif de la température centrale du corps.
Il y a d’abord une perte initiale de contrôle de la respiration due au froid lors du choc dans l’eau : une inspiration soudaine et profonde suivie d’une hyperventilation peut être fatale si les voies respiratoires sont obstruées par des débris ou si on inhale de l’eau involontairement. La vasoconstriction, causée par le froid soudain, peut être aussi fatale, en particulier chez les personnes ayant une insuffisance cardiaque.
Puis apparaissent une perte de motricité graduelle due au froid, des doigts, bras et jambes, ainsi que des tremblements, inhibant progressivement les capacités des mouvements de nage, dans le quart d’heure environ suivant la chute.
Enfin, il y a perte conscience et arrêt cardiaque par hypothermie après un temps dépendant de la température et de l’état de la personne, généralement après une demi-heure d’immersion. - Les risques de noyade asphyxique
La pénétration d’eau au niveau des voies aériennes entraine une toux violente, un spasme laryngé avec apnée réflexe puis une reprise respiratoire avec inondation massive des voies aériennes si la tête est toujours sous l’eau, puis asphyxie aiguë avec perte de conscience et arrêt cardiaque lié à la privation d’oxygène au niveau du cœur. Quelquefois, le spasme laryngé persiste et l’inondation des voies aériennes ne se produit pas (noyade à poumons secs). - Les risques de noyade syncopale
Le choc traumatique causé par une chute de grande hauteur, au niveau épigastrique, rachidien ... provoque soit une perte de connaissance, soit une syncope réflexe, soit une inhibition émotive panique précédant l’inondation des voies aériennes.
Sans une réanimation cardio-pulmonaire pratiquée immédiatement au sortir de l’eau, un noyé en arrêt cardio-circulatoire décède le plus souvent.
Les mesures de prévention des risques professionnels de noyade
Les travaux à proximité aquatique doivent faire l’objet d’une analyse poussée des risques pour permettre la rédaction du Document Unique de Sécurité en appréciant à la fois l’environnement matériel et technique et l’efficacité des moyens de protection existants et de leur utilisation selon les postes de travail. La prévention la plus efficace est la prévention primaire avec la mise en place d’une organisation du travail et d’installations techniques de sécurité évitant toute chute dans l’eau. Toutefois, ces dispositions peuvent se révéler insuffisantes compte tenu du caractère peu maitrisable du travail maritime et en milieu naturel et le port de vêtements individuels de flottaison peut s'avérer indispensable dans certains cas ainsi que la présence systématique de matériel de sauvetage et de premier secours et de personnel formé.
- La réglementation des travaux au-dessus et à proximité de l’eau
L’article R 4534-136 du Code du Travail stipule que :
« Lorsque des travailleurs sont exposés à des risques de noyade, l’employeur prend les mesures particulières de protection suivantes :
1. Les travailleurs exposés sont munis de gilets de sauvetage ;
2. Un signal d’alarme est prévu ;
3. Le cas échéant, une barque au moins, conduite par des mariniers sachant nager et plonger, est placée en permanence auprès des postes de travail les plus dangereux. Cette barque est équipée de gaffes, de cordages et de bouées de sauvetage. Le nombre de barques de sauvetage est en rapport avec le nombre de travailleurs exposés au risque de noyade ;
4. Lorsque des travaux sont réalisés la nuit, des projecteurs orientables sont installés, afin de permettre l’éclairage de la surface de l’eau, et les mariniers sont munis de lampes puissantes ;
5. Lorsqu’un chantier fixe occupant plus de vingt travailleurs pendant plus de quinze jours est éloigné de tout poste de secours, un appareil de respiration artificielle ou tout autre dispositif ou moyen d’une efficacité au moins équivalente est placé en permanence sur le chantier. »
La réglementation applicable aux entreprises d’armement maritime impose le port d’équipements de protection individuelle de flottaison en cas d’exposition au risque de chute à la mer et notamment :
6. Lors des opérations de pêche ;
7. En cas de travail de nuit, en l’absence de visibilité ou en cas de circonstances météorologiques défavorables ;
8. Lors de trajets en annexes ou autres embarcations légères ;
9. Plus généralement, en toute circonstance jugée nécessaire par le capitaine, en fonction du niveau de formation de l’intéressé. - Les mesures organisationnelles de prévention des risques de noyade
Etablir à l’avance un plan de prévention lié aux risques aquatiques permet de prévoir la mise en place de solutions organisationnelles : un plan de transport et un plan de sauvetage lors de travaux à proximité de l’eau est un impératif. La description du plan d’eau et des travaux doit permettre au maître d’œuvre de concevoir ces plans adaptés à la situation. Le plan doit aussi contenir la procédure de sauvetage pour déclencher les opérations.
Les zones de circulation pour les travailleurs et/ou les engins doivent permettre d’éviter d’avoir à longer de trop prés le milieu aquatique et offrir par ailleurs un accès rapide pour les secours et l’évacuation des éventuelles victimes.
Les voies de circulation doivent être débarrassées de tout obstacle, les sols doivent être nettoyés et essuyés régulièrement, débarrassés de tout déchet et tout produit accidentellement répandu, lors d’une fuite ou déversement, doit être immédiatement épongé.
Les postes de travail doivent être conçus pour ne pas avoir à se pencher au dessus du bord.
Sur les chantiers du BTP, il convient de réduire au maximum le nombre d’opérations de préparation et d’intervention au-dessus de l’eau en les réalisant sur une zone déportée. - Les mesures techniques de prévention des risques de noyade
Les navires doivent être dotés de tous les dispositifs de sécurité réglementaires et avoir été régulièrement contrôlés : zones de circulation avec revêtement antidérapant, mains courantes, filière de sécurité, canot de sauvetage, brassières, trajet des câbles et les cordages guidés et séparés des zones de circulation, appareils de levage conformes aux normes... Des systèmes de fixation pour assurer la stabilité des masses embarquées (conteneurs, palettes...), pour minimiser le balan des dragues ou de charges soulevées à bord, pour bloquer les câbles et cordages sous tension, doivent être mis en œuvre.
Les dangers de chute sur des sols, passerelles d’accès ou ponts mouillés sont limités par l’adoption de revêtements de sol antidérapant, plaques et grilles métalliques avec picots en relief ou crénelées.
Les risques de chute sont minimisés par des mesures de protection collectives composées de garde-corps.
L'installation de dispositifs de protection de bassins bien sécurisés doit comporter des barrières, rambardes, passerelles, garde-corps... et des échelles de sortie. - Les mesures individuelles de prévention des risques de noyade
Les travailleurs doivent disposer de chaussures ou bottes antidérapantes, et l'amélioration de la sécurité des personnes avec hauts risques de chute passe par la protection personnelle permanente des gilets de sauvetage ou des vêtements de travail à flottabilité intégrée (VFI) et des harnais ou système de retenue.
- Les chaussures antidérapantes
La prévention individuelle des chutes commence par la sélection de chaussures appropriées (conformes à la norme générale EN 345 S2). Les principaux matériaux utilisés pour la confection des semelles de chaussures de travail antidérapantes sont le caoutchouc et les polyuréthannes.
- Les équipements individuels de flottaison (EIF)
Certaines situations de travail exposent momentanément les travailleurs à la chute sans qu’ils soient protégés car les protections collectives sont incompatibles avec la nature des travaux : dans ce cas, les opérateurs doivent porter des équipements individuels de flottaison (EIF).
Un équipement individuel de flottaison (EIF) est un dispositif qui permet à une personne de flotter en cas de chute dans l'eau.
Les EIF complètent les protections collectives, et doivent respecter les trois impératifs suivants :
- Protéger : assurer le retournement d’une personne même inconsciente et la maintenir dans une position stable avec les voies respiratoires hors de l’eau.
- Repérer : faciliter le repérage d’une personne dans l’eau, de jour comme de nuit, par lampes de détresse, sifflet, bandes réfléchissantes...
- Secourir : posséder un système de préhension suffisamment résistant pour permettre le repêchage manuel ou le hissage mécanique d’une personne à l’eau.
Les gilets de sauvetage sont de deux types : à flottabilité permanente (en mousse) ou gonflables. Les gilets gonflables sont plus légers et moins gênants.
Dans certaines situations (pêche, remorquage, etc.), l'amélioration de la sécurité des personnes au travail passe par une protection personnelle permanente : les vêtements de travail à flottabilité intégrée (VFI), assurée par de la mousse répartie dans l’ensemble du vêtement ou une vessie gonflable pliée dans l’enveloppe reliée à un dispositif de gonflage. - Les mesures de sauvetage
Devant l’urgence absolue que représente une noyade, des moyens de sauvetage rapide doivent être prévus en cas de chute à l’eau d’un travailleur, ainsi qu’une formation appropriée pour être prêt à faire face aux situations de sauvetage. Il est évident qu’un travailleur exposé au risque de chute dans l’eau et de noyade ne doit pas être isolé pour bénéficier très vite d’une aide en cas d’accident.
- Les moyens de sauvetage
Une embarcation d’urgence à moteur, un cordage, une gaffe de récupération, une bouée de sauvetage, un projecteur orientable font partie de l’équipement nécessaire : le sauveteur ne doit pas aller dans l’eau au risque de s'exposer lui-même à la noyade.
- La formation au sauvetage
L’improvisation, une information et une formation insuffisantes obèrent les chances de succès d’une tentative de sauvetage.
Les moyens disponibles sont inefficacement employés si leur emplacement et leur usage sont mal connus : or, un chantier est en permanente évolution et il faut actualiser souvent l’information et il y a souvent de nombreux travailleurs temporaires. Les procédures de sauvetage ne peuvent être observées et efficaces que si elles sont connues des travailleurs avant que ne surgisse l’incident : des réunions doivent rappeler régulièrement les consignes de sécurité.
Une formation théorique et pratique doit initier au port de l’équipement de flottaison et sensibiliser aux gestes élémentaires de sécurité à adopter lorsqu’on tombe à l’eau ou qu’un de ses compagnons doit être sauvé. Les intervenants en sauvetage doivent aussi être formés aux premiers soins et aux premiers secours.
Pour aller plus loin
OFFICIEL PREVENTION : Protections individuelles > Le corps : Les équipements individuels de flottaison (EIF)
Juin 2016
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17/11/2023