La prévention des risques météorologiques au travail
Les travailleurs en extérieur sont soumis aux intempéries et donc à de nombreux dangers inhérents aux multiples risques météorologiques auxquels leur métier est par nature exposé : d’où un taux de sinistralité professionnelle supérieur lié à des phénomènes extrêmes (orages, tempêtes, canicules, ...) avec vent, chaleur, froid, foudre, précipitations ... provoquant des accidents graves et parfois mortels plus fréquents. Ces dangers comportent une combinaison de risques naturels et de risques liés à l'emploi d’équipements de travail et d’installations (grues, échafaudages, coffrages ...) insuffisamment sécurisés. Par ailleurs, des conditions météorologiques défavorables (pluie, neige, verglas, vent, brouillard...) rendent l’activité de conduite automobile intrinsèquement dangereuse pour les chauffeurs routiers en mission.
Des conditions de travail particulières aggravent manifestement les conséquences de la dangerosité intrinsèque du métier en extérieur :
- Le travail saisonnier, plus exposé du fait du manque d’information de cette main d’œuvre, de formation et de connaissances des lieux et des procédés qui augmentent ainsi leur vulnérabilité.
- Le travail isolé, avec retard dans l’alerte et éloignement des centres de secours, facteur majorant de gravité
Analyser, prévoir et prendre en compte les facteurs météorologiques dangereux sont donc une nécessité pour la prévention des risques professionnels des travailleurs en extérieur.
Outre les mesures de protection collective et individuelle qui dépendent de chaque situation à risques, l’évaluation systématique de la présence et de la dangerosité des facteurs ambiants, la mise à disposition de moyens de prévision et de mesure, le contrôle du respect des conditions d’exposition sécurisée, sont à la base de la prévention des risques des ambiances de travail météorologiques dangereuses.
Dans les zones à haut risque météorologique, la préparation de scénarii d'évacuation et exercices sont indispensables pour atténuer les conséquences les plus graves des conditions climatiques sévères.
Les différentes ambiances et situations professionnelles météorologiques dangereuses
Le réchauffement climatique est un processus de fond et le changement climatique accroit les probabilités de phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus intenses et plus longs. Au-delà des températures, l’accroissement de l’effet de serre est susceptible de perturber le cycle hydrologique global (échanges d’eau entre l’atmosphère, l’océan et les continents) et de provoquer des événements de plus fortes précipitations, de vents plus violents avec une tendance à l’augmentation du nombre de tempêtes et d’orages.
Les conditions de travail météorologiques dangereuses ambiantes (vent, humidité, température, luminosité, foudre ...) peuvent être interdépendantes et cumuler ainsi les potentiels inhérents de chacune de leurs propriétés intrinsèques nuisibles à la sécurité et à la santé des travailleurs exposés. S’y surajoutent les risques liées aux facteurs de stress dépendant de la gravité, soudaineté, et résilience individuelle et collective. La durée et la fréquence d'exposition à l’ambiance dangereuse, le mode d'exposition et son intensité, influencent considérablement l’incidence des facteurs de risque professionnel.
L’exposition aux ambiances météorologiques dangereuses se rencontre systématiquement dans les métiers s’exerçant à l’extérieur, notamment :
- dans le BTP pour les couvreurs, maçons, façadiers, peintres en bâtiment, terrassiers ...
- dans l’agriculture, viticulture, arboriculture, horticulture, maraichage, élevage ...
- en foresterie pour les bucherons, sylviculteurs, élagueurs ...
- en milieu marin ou fluvial, pour les pêcheurs, aquaculteurs, conchyliculteurs, pisciculteurs, ...
- dans le domaine sportif pour le ski, nautisme, alpinisme, cyclisme ...
- dans le transport de personnes ou de marchandises ...
- dans le montage et réparation des lignes et installations électriques et téléphoniques ...
- dans l’entretien des voieries, et espaces verts.
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Les ambiances thermiques dangereuses
- La chaleur engendre des risques professionnels pour toutes les activités extérieures lors d’épisodes météorologiques caniculaires.
Les étés caniculaires se succèdent et il existe des précautions à prendre pour éviter les problèmes de santé au travail dus à la chaleur (effets de l’insolation, de la déshydratation...), permettant de pallier les risques qui peuvent être vitaux dans les cas extrêmes (coup de chaleur). Indirectement, le travail par fortes chaleurs augmente aussi les risques d'accidents du travail par la fatigue, la sudation, la diminution de la vigilance, les crampes musculaires ou les malaises.
L’effet des contraintes thermiques chaudes sur la santé des personnes au travail est fonction à la fois de facteurs environnementaux, de facteurs liés à la tâche et à l’organisation du travail, et des facteurs individuels : les travailleurs faisant des efforts physiques, ceux souffrant de maladies cardiaques ou prenant certains médicaments, les travailleurs âgés sont plus particulièrement exposés aux risques thermiques ; par contre les travailleurs acclimatés le sont beaucoup moins.
Les problèmes de santé dus à la chaleur et à l'action prolongée du rayonnement solaire sur la tête (effets de l’insolation, de la déshydratation...) génèrent des risques de malaise général, de crampes musculaires, de pertes de connaissance, qui peuvent être vitaux dans les cas extrêmes (coup de chaleur). Indirectement, le travail par fortes chaleurs augmente aussi les risques d'accidents du travail par la fatigue, la sudation, et l’incidence des effets psychologiques : baisse de vigilance et de précision, diminution des capacités de réaction, irritabilité, agressivité.
Dès que la température ambiante (à l’ombre) dépasse 30 °C, des travaux :
• en plein soleil,
• à proximité d’une source de chaleur (notamment sur des surfaces réverbérant la chaleur comme les toitures par exemple...),
• exigeant des efforts physiques,
• avec port de vêtements empêchant l’évaporation de la sueur,
sont des situations à risques importants : le bâtiment et les travaux publics, les travaux forestiers, les travaux agricoles sont particulièrement concernés.
Peu de circulation d’air, la pollution atmosphérique, un taux d’humidité trop fort, sont des facteurs aggravants.
- Le risque lié au froid est accru par une exposition au vent (refroidissement éolien) et à l’humidité. Le travail au froid n'a pas de définition réglementaire : toutefois, on définit habituellement le travail en ambiance froide pour des températures inférieures à 5°C. Le refroidissement des parties du corps peut provoquer des engelures, lésions cutanées qui deviennent rouge violacées, douloureuses, avec des crevasses et/ou des phlyctènes. Les mains et les pieds (surtout doigts ou orteils) ont tendance à se refroidir plus rapidement que le torse : l’exposition au froid est susceptible de déclencher le syndrome de Raynaud (doigts blancs et douloureux par vasoconstriction). Comme pour la chaleur, le froid entraine des risques indirects, favorisés par la diminution de la dextérité due au refroidissement des extrémités, à la diminution des performances musculaires et à l’incapacité à effectuer des mouvements fins. La vigilance mentale est également réduite en raison de l'inconfort causé par le froid.
Une chute peut se produire à l'occasion d'une glissade sur un sol verglassé ( la descente d’un camion ou d’un engin est propice à ce type de chute ). Le siège des lésions et leur gravité est variable : tête, yeux, membre supérieur, tronc, membre inférieur, localisations multiples (entorse, plaie cutanée et hémorragie, fracture osseuse, traumatisme crânien ...). -
Les effets de la foudre
Des orages peuvent survenir lors d’un chantier du BTP ou de travaux forestiers ou agricoles et provoquer d’importants dégâts, causés par les incendies ou par les surtensions électriques dues à la foudre : la foudre est un risque professionnel majeur et les personnes travaillant à l'extérieur y sont éminemment vulnérables.
Lors d’un orage, l’éclair ou décharge de foudre génère des surtensions transitoires, élévations brutales de tension de plusieurs milliers de volts pendant quelques millionièmes de secondes qui peuvent entraîner deux types de dommages :
- L’effet direct de la foudre qui frappe une personne ou une installation occupée, avec un fort risque d’incendie et/ou destruction de l’installation sur le parcours du courant de foudre ; c’est l’effet le plus évident avec des risques électriques humains importants : arrêt respiratoire ou cardiaque, choc, tétanisation, brulures externes et internes sévères, lésions neurologiques, auditives et oculaires.
- Les dégâts occasionnés aux équipements par des surtensions transitant par les réseaux et l’interruption de fonctionnement ou la destruction de ces équipements devient dangereuse pour tout le personnel.
Les outils mécaniques étant souvent en métal, ils ont tendance à attirer la foudre et accroître les risques d’électrocution du travailleur qui les utilise.
Certains travailleurs (grutiers, échafaudeurs, pontiers et autre personnel dans les grues, nacelles, échafaudages et ponts transbordeurs ...) opèrent dans des structures métalliques situées sur le point haut de l’environnement et sont donc beaucoup plus exposés au risque foudre, souvent mortel. Mais la circulation du courant dans ces structures métalliques et la conduction de la décharge en leur sein et dans les réseaux génèrent aussi des risques, électrocutant les personnes situées en contact ou à proximité (moins de 3 mètres).
Au niveau du sol, le courant se diffuse dans la prise de terre et l’élévation du potentiel de terre peut causer des tensions dangereuses à plusieurs centaines de mètres de l'emplacement du défaut réel et va engendrer une tension de pas entre les pieds d'une personne se tenant debout, ce qui qui peut entrainer une paralyse musculaire. -
Les effets du vent
Le vent est un mouvement de l’air dans l’atmosphère, provoqué par une différence de pression atmosphérique entre des masses d’air de températures différentes. Les zones littorales et montagneuses, les zones cycloniques tropicales sont les plus exposées aux vents violents.
Les vents forts présentent des risques d’accidents graves voire mortels sur les chantiers, en forêt et pour tout travailleur en extérieur, en particulier en milieu montagnard ou maritime ou tropical : branches arrachées, arbres abattus, objets projetés, voitures déportées, chutes d’objets divers, renversements et effondrements d’installations de tout type ...
Un vent est estimé violent donc dangereux lorsque sa vitesse atteint 80 km/h en vent moyen et 100 km/h en rafale : pour que le vent soit qualifié de tempête, il faut qu’il souffle à une force égale ou supérieure à 100 km/h (soit au moins 51 kg de pression par m2 de surface).
L’action du vent donne lieu à des forces importantes dans les structures et sur les éléments de grande surface.
Les risques des tempêtes concernent les toitures, les arbres, la circulation routière, maritime et ferroviaire, les bâtiments légers, les chantiers du BTP, les engins de levage (grues à tour, plates-formes mobiles élévatrices avec nacelles de levage de personnes), les échafaudages, éléments de coffrage et de clôtures, accessoires d’élingage, les véhicules élevés comme les camions de transport, les autobus et les véhicules tirant des remorques ...
Avec des vents violents, plusieurs risques sévères pour les travailleurs sont possibles :
→ Blessures lorsque le vent déplace ou projette des objets
→ Lésions oculaires causées par de la poussière ou des débris dans l'air et visibilité réduite
→ Lésions cutanées et/ou ostéoarticulaires lorsque le vent fait chuter les travailleurs
→ Blessures causées par du verre brisé des fenêtres
→ Charges, matériel ou équipements qui tombent ou se renversent sur les travailleurs
→ Bris de branches ou déracinement d'arbres qui tombent sur les travailleurs
→ Effondrement, renversement de bâtiments, de toits, d'échafaudages, de clôtures, de grues, etc.
→ Bris de lignes électriques pouvant entraîner des risques d'électrocution, d’incendie et des pannes de courant
→ Noyades pour les marins et pécheurs, ouvriers de l’assainissement, professionnels du nautisme, par chute dans l’eau ou naufrage de l’embarcation
→ Accidents de la route
Le travail en hauteur est plus particulièrement périlleux en période très venteuse, avec un risque aggravé des conséquences d’une chute causée par la déstabilisation du travailleur, sur une toiture, un échafaudage, une échelle, un arbre ... -
Les effets des précipitations
Des précipitations météorologiques sont formées de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère : il y a divers types de précipitations, dont la pluie, la bruine, la neige, la grêle et le grésil.
Des précipitations intenses pendant les épisodes méditerranéens et cévenols ou générées par une tempête tropicale ou un cyclone peuvent entrainer des cumuls de pluie torrentielle de plusieurs centaines de millimètres en quelques heures : elles provoquent des dégâts matériels considérables sur les infrastructures et surfaces agricoles avec des inondations, coulées de boue, éboulis ou glissements de terrain.
Ces conséquences dévastatrices sont la source de risques majeurs pour les travailleurs exposés, même à des phénomènes d’intensité moyenne, avec des dangers extrêmes à proximité d’un cours d’eau, dans des galeries souterraines, dans des sous-sols ou des caves.
Les dangers causés par de fortes pluies sont multiples, et peuvent affecter à la fois les constructions humaines et toutes les activités professionnelles liées : le danger principal est d’être exposé directement à la pluie, et de se retrouver soumis aux eaux qui montent et se noyer. La puissance d’un cours d’eau qui déborde peut emporter aisément une personne, mais aussi de nombreux objets qui viennent la heurter violemment avec de graves traumatismes induits. L'ensevelissement par des coulées de boue et glissements de terrain ou l'écrasement des travailleurs par des éboulis sont également des risques mortels.
Les courts-circuits aux installations électriques soumises à l’humidité peuvent causer des incendies, détruire des équipements techniques et mettre en danger le personnel. D’autres dommages peuvent être liés à des réactions chimiques avec des matières stockées ou dus à l’entreposage détérioré de matières toxiques, notamment les hydrocarbures, solvants ..., ou à l’exposition à des agents biologiques pathogènes libérés par le refoulement, la rupture des canalisations des eaux usées.
Enfin, conduire sous la pluie, et plus encore sous la neige ou le verglas, rend les chaussées glissantes et de ce fait est très accidentogène : la perte d’adhérence des pneus s’accroît considérablement et des phénomènes d'aquaplaning peuvent apparaître et une chaussée glissante augmente beaucoup la distance de freinage et peut provoquer la perte de contrôle du véhicule. De plus, la visibilité est réduite et diminue la visibilité des autres véhicules et la perception des distances. A cela, s’ajoute l’eau projetée par les autres véhicules, notamment lors de dépassement.
Les facteurs de surexposition aux risques professionnels météorologiques
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La surexposition des travailleurs saisonniers
Les emplois saisonniers sont très nombreux dans les secteurs de travail en extérieur et les travailleurs saisonniers sont plus exposés aux risques d'accidents du travail du fait de la précarité de cette main d’œuvre, leur manque d’information, de formation et de connaissances des lieux et des procédés qui augmentent ainsi leur vulnérabilité et cela provoque notamment plus de risques physiques liés aux contraintes du travail en extérieur, notamment celles d’origine météorologique.
De nombreuses études montrent que le travail saisonnier est associée à une dégradation des conditions de travail et de la situation des saisonniers en matière d’hygiène et de sécurité (fréquence et gravité des accidents de travail, notamment les premiers jours d’emploi et en fin de contrat).
Le contexte de travail du saisonnier génère de multiples facteurs qui affectent ses conditions de travail et plusieurs raisons expliquent la vulnérabilité supérieure des saisonniers, notamment :
→ pour les saisonniers agricoles : dissémination sur les exploitations, enchainement de contrats courts, pénibilité et rythme du travail, population souvent précarisée ;
→ dans le secteur du monitorat sportif et de loisirs à l’extérieur, avec une exposition à la chaleur ou au froid et aux rayons ultra-violets, particulièrement majorée en altitude ou sur des surfaces réfléchissantes neigeuses ou sableuses ou sur des plans d’eau. -
La surexposition des travailleurs isolés
Le travailleur extérieur (agriculteur, bucheron, éleveur, ostréiculteur ... ) effectue souvent des travaux ou une tache en étant hors de portée de vue ou de voix pendant un certain temps, et ainsi, il ne dispose pas de possibilité de recours en cas d’aléas, d’accident ou de malaise. La durée d’isolement majore évidemment le risque : le travail isolé aggrave la dangerosité de l’activité, car, par exemple, des réactions inadaptées à une situation imprévue peuvent apparaître du seul fait de ne pouvoir se faire aider.
Le travail isolé peut être dangereux intrinsèquement pour des raisons médicales : certaines personnes présentent des pathologies entrainant des symptômes d’apparition brusque et pouvant handicaper au moins temporairement la poursuite du travail, la rendre dangereuse (en particulier lors de la conduite d’engins ou usage d’outils), voire impossible : crises d’angoisse, d’épilepsie, cardiaques, diabétiques, vertigineuses ...
Bien entendu, l’isolement aggrave non seulement la probabilité d’accident mais aussi sa gravité, c'est-à-dire majore le niveau de criticité de l’activité professionnelle sur ses deux composantes. En effet, les conséquences de l’accident sont aggravées parce que les dommages causés par l’accident empirent par manque de secours immédiat et/ou adapté.
Les mesures de prévention des risques professionnels météorologiques
Les phénomènes météorologiques ne peuvent être empêchés, mais ils sont de mieux en mieux prévus par les services de météorologie qui diffusent des alertes et les risques d'en subir des conséquences graves peuvent être atténués par des mesures individuelles et collectives de prévention des risques.
Il est de la responsabilité de l’employeur de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre les risques des intempéries (article R. 4223–15 du Code du Travail).
D’une manière générale, les postes de travail à l’extérieur doivent être aménagés de telle façon que les travailleurs soient protégés au mieux contre les conditions atmosphériques (article R. 4225–1 du Code du Travail) et mettre à disposition gratuitement aux salariés affectés à des travaux en extérieur des vêtements de protection qui les protègent contre le froid, les intempéries et les risques courants (article R. 4323–95 du Code du Travail) en en assurant les entretiens, réparations et remplacements nécessaires.
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La surveillance des prévisions météorologiques
L’impact de la météorologie sur les activités professionnelles en extérieur étant considérable, l’information météorologique est un outil d’aide à la décision indispensable car une bonne surveillance préalable des prévisions météorologiques diminue les risques d’être pris au dépourvu et laisse le temps d’agir afin de préserver la sécurité du travail.
Les principales données et indicateurs nécessaires à la prise de décision sont présents et fiables au moins à court terme et avec de bonnes précisions localisées et tous sont essentiels pour les métiers extrêmement sensibles aux conditions météo.
L’employeur doit disposer des moyens d’information lui permettant d’avoir connaissance de l’évolution des conditions météorologiques (Article R. 4323–46 du Code du Travail ).
Pour assurer une protection travailleurs, des systèmes d’alerte météo peuvent être utilisés qui avertissent avant l’arrivée d’un phénomène à risque, avec réception d’ un SMS ou une notification à l’approche d’un orage par exemple.
De nombreux sites Internet très détaillés et spécialisés par secteur (agriculture, BTP, marine ... ) mettent à disposition toutes les données météorologiques dont les travailleurs en extérieur ont besoin au quotidien.
Pendant la journée de travail, il faut toujours vérifier les bulletins météorologiques et surveiller les conditions météorologiques sur le terrain pour être prêt à aménager le programme de l'organisation, à mettre en œuvre la planification des interventions d'urgence, ou à arrêter le travail lorsque elles deviennent trop dangereuses : par exemple, les entreprises peuvent se munir d’anémomètres portables afin de vérifier la vitesse du vent sur site. -
La sécurisation des lieux de travail
Le Code du travail (Article L.5424-8) stipule : « Sont considérées comme intempéries, les conditions atmosphériques et les inondations lorsqu’elles rendent dangereuse ou impossible l’accomplissement du travail... » ; mais, suivant les corps de métier, les critères à prendre en compte ne sont pas les mêmes.
Les mesures à prendre dépendront des types de travaux extérieurs et dangers météorologiques, mais quelques mesures générales peuvent être énoncées :
→ Pour les fortes chaleurs :
Pour les travaux à l'extérieur, débuter la journée de travail plus tôt et reporter les lourdes tâches aux heures plus tempérées de la matinée, aménager des zones de travail et de repos à l'ombre avec mise à disposition d'eau fraîche, inciter les travailleurs à se couvrir la tête, à ne pas travailler torse nu et à porter des vêtements amples et légers, de couleur claire, permettant l'évaporation de la sueur (le coton est à privilégier, le nylon est à éviter), sans toutefois négliger le port des équipements de protection individuelle si nécessaire, sont des mesures évidentes.
Il convient également de mettre en place des protections pour éviter tout contact corporel avec les surfaces, notamment métalliques, exposées directement au soleil.
Sur les chantiers du BTP, les employeurs sont tenus de mettre à la disposition des travailleurs 3 litres d'eau, au moins par jour et par travailleur (article R. 4534-143 du Code du travail) et prévoir des zones d'ombre ou des abris pour l'extérieur et/ou des aires climatisées.
→ Pour les grands froids :
Le port de protections individuelles contre le froid (combinaison ou veste et pantalon, bottes fourrées antidérapantes, gants épais, grosses chaussettes, bonnet ...) sont indispensables. Le vêtement doit être adapté à l'activité et ne pas gêner, en particulier les tâches doivent être réalisables avec les gants, l'employé ne doit pas avoir à les retirer. Il doit y avoir compatibilité avec les équipements de protection individuelle prévus pour d’autres risques, en particulier avec le travail en hauteur.
• Le faible refroidissement corporel des travailleurs est lié à l'efficacité des vêtements qu'ils portent, en tant qu'isolant thermique.
Le froid modifie les caractéristiques des vêtements. Une situation de travail qui impose des passages du froid au chaud (dans les cantonnements surchauffés, notamment) peut ainsi entraîner des condensations successives sur et dans le vêtement (transpiration) qui réduisent la protection thermique. Il est donc primordial d'avoir des vêtements adaptés à un travail en environnement froid, assurant une bonne protection thermique. Il faut porter plusieurs couches de vêtements, qui offriront une meilleure protection qu'un seul vêtement épais. La multiplication des couches permet d'ajuster l'isolement thermique en fonction de la production de chaleur, d'immobiliser un maximum d'air. L'air qui se trouve entre les couches de vêtements assure une meilleure protection que le vêtement lui-même. La tenue vestimentaire la plus efficace est composée de trois couches.
• Il faut porter des gants si la température ambiante est au-dessous de 4 °C, pour le travail léger, et au-dessous de -7 °C, pour le travail modéré. Enfin, à des températures situées au-dessous de -17 °C, il faut porter des mitaines.
• Les chaussures doivent être antidérapantes et pourvues d'une bonne isolation thermique. Ce sont les bottes en cuir à semelles de caoutchouc doublées en feutre qui sont le mieux adaptées au travail lourd dans un environnement froid parce que le cuir est poreux, ce qui permet aux bottes de " respirer " et à la transpiration, de s'échapper. Il est possible d'imperméabiliser les bottes en cuir avec certains produits qui ne bloquent pas les pores du cuir.
• Dans des conditions de froid extrême, lorsqu'on a recours à une protection du visage, il faut séparer la protection oculaire de celle du nez et de la bouche afin d'empêcher que l'humidité contenue dans l'air expiré ne vienne embuer et geler les lunettes. Il importe de choisir des lunettes protectrices adaptées au travail à effectuer et qui protègent contre les rayons ultraviolets du soleil, l'éblouissement de la neige et des cristaux de glace, et les vents forts.
• Il convient d'assurer une bonne protection thermique de la tête. Le port d'un bonnet ou d'un casque de sécurité avec doublure isolante permet d'empêcher une perte de chaleur excessive.
→ Pour les éclairs et la foudre :
Pour protéger le personnel et éviter qu’il s’expose en période d’orage, une détection en amont par des capteurs (mesurant localement le champ électrique) reliés à des alarmes sonores et visuelles, permet de faire évacuer les ouvriers exposés et de les rassembler dans un lieu sécurisé, défini au préalable. Un dispositif extérieur de protection foudre est dimensionné par les normes NF EN 62305 et NFC 17-100, qui proposent une méthode d'analyse à partir de paramètres divers. Si cette installation parafoudre évite les surtensions d’un orage sur les chantiers, il est néanmoins plus prudent que les ouvriers qui travaillent en extérieur et surtout en hauteur soient évacués dans un abri sécurisé, car une protection d’orage n’est jamais totalement fiable.
L’opérateur de la grue dans sa cabine est plus ou moins protégé par la cage de Faraday de sa cabine mais, sans parafoudre au sommet, il ne l’est pas pour les courants qui circulent dans les divers réseaux et qui pénètrent dans la cabine : la protection la plus simple consiste donc à installer un paratonnerre à tige simple (pointe sèche passive PTS, norme NF EN 62305 1/2/3 & 4 de 2006) au sommet afin de capter la foudre et de la conduire ensuite à la terre.
En cas de danger de foudre, tous les travaux sur des échafaudages doivent être arrêtés.
Pour les travailleurs à terre pris au dépourvu, il faut chercher un abri ayant un toit métallique (voiture, engins de chantier...), sinon il faut s'accroupir les deux pieds joints, éviter de courir, ne pas s'allonger et ne pas faire de grands pas. Il faut se tenir à l'écart des endroits élevés, des arbres de grande taille ou isolés. Il faut ne pas porter sur soi des objets métalliques, et éviter le contact avec tout objet métallique et ne pas utiliser son téléphone portable.
→ Pour les vents violents :
Sur un chantier de construction, il y a intempérie lorsque les rafales de vent dépassant les 60 km/h.
Tous les objets sur les chantiers susceptibles d’être emportés par le vent peuvent s’envoler et devenir des projectiles dangereux ou bouger soudainement et fortement : il convient de les ranger en les mettant à l'abri à l'intérieur dans des bâtiments solides ou bien les fixer en utilisant des poids, des cordes, des chaînes ou des piquets. En particulier, les palissades, barrières, éléments de coffrage et tout autre objet de grande prise au vent doivent être sécurisés de la manière la plus sure.
Les bâtiments légers, en construction ou en mauvais état peuvent s'effondrer facilement et occasionner maintes blessures à leurs occupants. Les installations mobiles sur les chantiers du BTP ou autres, les baraques, abris ou cantonnements ne constituent pas des refuges mais plutôt des risques supplémentaires. Les structures fragiles ou en construction doivent être soutenues et contreventées, les volets, les portes et les fenêtres bien fermés.
Il faut se mettre si possible à l'abri à l'intérieur d’un bâtiment résistant en se tenant loin des murs extérieurs et des fenêtres.
Il ne faut pas rester :
- dans de grands espaces ouverts à l'intérieur des bâtiments (cours, parkings, ...) dans lesquels des éléments de toitures peuvent chuter,
- de même près de grands arbres ou des branches peuvent tomber,
- et proche de poteaux et lignes électriques qui peuvent s’abattre ou s’arracher,
- et à l’abri le long de véhicules élevés qui peuvent basculer.
Le port de lunettes de sécurité ou de lunettes de protection permet d’éviter les projections de particules dans les yeux, notamment dans les zones poussiéreuses ou sablonneuses. Il faut ne pas travailler en hauteur ni effectuer d'opérations de levage lorsque des vents violents sont prévus (Article R4323–68 du Code du Travail ), non seulement pour le risque de déstabilisation de l’opérateur et de faux mouvements et de chute, mais aussi pour éviter :
• l’effondrement partiel ou complet d’un échafaudage, ou le renversement de l’échafaudage font partie des risques qui peuvent être aggravés à cause de la présence de bâches ou de filets qui augmente la charge du vent et en fonction de l’environnement du chantier, particulièrement dans le cas d’une voie publique très passagère à proximité et de lignes électriques ou caténaires proches.
Les consignes lié au vent doivent être clairement notifiées au maître d’ouvrage ou chef de chantier par le monteur échafaudeur.
L’installation sur le site du chantier d’un échafaudage bien ancré ou amarré à tout point présentant une résistance suffisante lui permet d’être protégé contre le risque de glissement et de renversement causé par poussée des vents (Article R4323-74 du Code du Travail ), et, au besoin, il faut ajouter des fixations si des vents très violents sont annoncés (supérieurs à 100 km/h). Un échafaudage roulant non amarré doit être démonté si le vent excède 45 km/h et il ne faut pas bâcher un échafaudage roulant à moins que le calcul n’ait été établi en tenant compte d’une prise au vent plus élevée.
Les travaux d’échafaudage doivent être arrêtés en cas de vitesses du vent supérieures à 50 km/h. La vitesse maximale du vent à laquelle des travaux sur échafaudages peuvent être effectués se situe à 60 km/h. L’échafaudage doit être contrôlé pour repérer les éventuels dommages sitôt l’accalmie.
• les renversements d’engins de levage (grues à tour, plates-formes mobiles élévatrices avec nacelles de levage de personnes) sous l’effet du vent provoque des accidents souvent mortels.
Lorsqu’ils sont d’une hauteur supérieure à 6 mètres, l’emploi à l’air libre d’équipements de travail servant au levage de charges non guidées doit cesser dès que la dégradation des conditions météorologiques est susceptible de compromettre la sécurité de leur fonctionnement et d’exposer toute personne à un risque.
Dans des conditions venteuses sévères, une étude préalable des risques de renversement des grues à tour sous l’effet du vent doit être réalisée pour évaluer les effets de site liés au vent. Les grues doivent être équipées d’un anémomètre avec préalarme orange clignotant (50km/h) et alarme rouge clignotant et sirène (72 km/h). Il est impératif de s’assurer que les utilisateurs de la grue connaissent et appliquent les règles de sécurité inhérentes à ce type de matériel, qui peuvent varier en fonction de la hauteur, de la longueur de flèche, du poids, du système d'amarrage des engins : verrouillage du système de freinage, flèche en girouette (face au vent), instructions à suivre pour assurer la stabilité de la grue (poids des lests de base, massif de scellement, hauteur sous crochet ...) pour déterminer les vitesses maximales à prendre en compte en fonction de la zone d'implantation géographique. Les équipes qui utilisent la grue doivent disposer des consignes ainsi que des moyens de prévision et de mesure du vent pour cesser le travail par vent excessif (arrêt et mise en girouette de la grue à partir de 72 kms/heure).
Les plates-formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP) ou nacelles élévatrices conformes à la norme NF EN 280 sont conçues pour être stables pour une pression de vent maximale égale à 100 N/m², soit une vitesse de vent de 45 km/h.
→ Pour les fortes précipitations :
• Sur un chantier de construction, il y a intempérie lorsque les précipitations durent plus d’une heure et dépassent 1 litre d’eau par m² ou une hauteur de 10 mm sur la journée entière de travail. L'arrêt du travail est alors décidé par l'entrepreneur ou par son représentant sur le chantier, après consultation des délégués du personnel.
• En cas de pluie intense, de formation de glace, de neige, etc., il n’est pas autorisé de travailler sur l’échafaudage sans mesures de prévention adéquates (enlever la neige et la glace de l’échafaudage avant le début des travaux).
• Les travaux de couverture, même sur un toit en terrasse, peuvent être dangereux par forte pluie : il est interdit de travailler sur des toits rendus glissants par les conditions atmosphériques, sauf s’il existe des dispositifs de protection installés à cet effet pour y remédier ( Article R4534–94 du Code du Travail sur les intempéries ).
• La principale cause des accidents survenus dans les tranchées est l’écrasement ou l’étouffement des travailleurs par suite de l’éboulement des parois, souvent fragilisées par les intempéries : la fouille en tranchée et son blindage doivent être inspectés après de fortes pluies.
• Le personnel doit disposer les vêtements adaptés contre les intempéries, vestes et pantalons de pluie, offrant différents degrés de protection ; la norme EN343 distingue deux types de performances différentes : pour la résistance à la pénétration de l’eau (de 1 à 3), un indicateur qui précise l’étanchéité du produit, et pour la résistance évaporative (de 1 à 3), un indicateur sur la capacité du tissu à évacuer la transpiration ou la vapeur d’eau.
• Le caractère exceptionnel de certains événements pluvieux entraîne des risques de crue soudaine, d’inondation ou de montées d'eau rapides : si le lieu de travail est près d’un cours d’eau, ou encore dans une galerie ou cavité naturelle souterraine, il est indispensable d’arrêter le travail dès l’alerte, ne descendre jamais dans un espace en sous-sol pour essayer de protéger les équipements, le matériel, les stocks... mais de se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur et à l’étage ou à défaut de se réfugier sur une position en hauteur hors de portée de la montée des eaux. -
L’adaptation de la conduite automobile
Si les systèmes d’assistance électronique à la conduite (anti patinage, contrôle de stabilité...) réduisent les risques, des adaptations indispensables de la conduite par mauvaises conditions météo (pluie, orage, neige...) résultent de l'observation des limites du conducteur (perception visuelle, temps de réaction, ...), du véhicule (résistance aux chocs, distance de freinage, ...) et de la complexité de l'environnement : chaussée glissante, adhérence des pneus et visibilité réduites nécessitent de réduire la vitesse, d’augmenter la distance de sécurité avec le véhicule qui précède et d’allumer ses feux de croisement.
Des essuie-glaces en bon état de fonctionnement sont un élément indispensable en cas de forte pluie, neige, grêle ou grésil.
L’état des pneumatiques est primordial : des pneus usés entraînent une perte d’adhérence et favorisent l’aquaplaning et le dérapage et il convient ainsi de vérifier régulièrement l’usure et la pression des pneus.
L’efficacité des éclairages doit assurer une bonne visibilité sur la route et être vu par autrui, avec des optiques régulièrement nettoyées et correctement réglées.
Les feux de brouillard avant peuvent être utilisés, en complément des feux de croisement, pour améliorer la visibilité en cas de fortes pluies ou sur une route étroite et sinueuse non éclairée. A l’inverse, les feux de brouillard arrière trop éblouissant sont interdits d’utilisation par temps de pluie. -
L’évacuation des lieux de travail
Pour la sécurité des hommes travaillant en extérieur dans les zones à risque météorologique majeur, les simulations et exercices, et la bonne préparation de scénarios d'évacuation sont nécessaires, dans le cadre des plans de secours notamment. Il faut inclure les vents violents et pluies torrentielles dans le Document Unique de Sécurité et le programme de l'organisation concernant le travail dans des conditions extrêmes ou la planification des interventions d'urgence.
Dans tous ces cas, le point critique est l'organisation de cette évacuation, la situation d’urgence pouvant provoquer une désorganisation, d'une part du fait de la panique qui peut gagner le personnel, et d'autre part en raison de la grande quantité de personnel à gérer dans des conditions dangereuses.
Une évacuation est toujours lourde à organiser et, si elle est désordonnée, peut engendrer de nombreuses victimes supplémentaires.
Aussi, selon les cas, la prévention des risques liés à l’évacuation la meilleure possible consiste par exemple :
→ La construction d'un plan d'évacuation avec repérage des zones de mise en sécurité, détermination des voies d'évacuation, des points de rassemblement, et avec des exercices d’application,
→ La formation du personnel d'intervention afin de pouvoir gérer une situation d'urgence et notamment la maîtrise du stress et de l'imprévu,
→ L’information du personnel pour connaître les consignes à respecter : sensibiliser et former les travailleurs au sujet des dangers des vents violents, des inondations ... et des mesures à prendre pour travailler de façon sécuritaire. Les « causeries sécurité » (ou « quarts d'heure sécurité »), en rassemblant périodiquement des petits groupes d'opérateurs sur le terrain, sont des moyens concrets et efficaces de communication interne permettant d'impliquer les salariés dans la démarche sécurité dans un cadre non conflictuel, puisque préventif et participatif.
→ Les alarmes d'évacuation optiques et sirènes sonores,
→ Mettre en place un plan d’urgence inondation : créer ou aménager une zone de refuge hors d’eau pour les personnes, au- dessus des plus hautes eaux connues,
→ Sécuriser les installations électriques pour qu’elles ne présentent pas de risques pour les personnes.
Novembre 2020
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