En 2013, sur l’ensemble de leur vie professionnelle, 26 % des personnes travaillant ou ayant travaillé se souviennent avoir eu au moins un accident au travail, hors accident de trajet, ayant entraîné une blessure. Ces accidents sont plus fréquents chez les hommes (35 %), les ouvriers (40 %), les agriculteurs (32 %) et dans la construction (42 %).
Une personne sur quatre a été blessée au travail au cours de sa carrière
En 2013, sur l’ensemble de leur vie professionnelle, 26 % des personnes travaillant ou ayant travaillé se souviennent avoir eu au moins un accident au travail, hors accident de trajet, ayant entraîné une blessure. Ces accidents sont plus fréquents chez les hommes (35 %), les ouvriers (40 %), les agriculteurs (32 %) et dans la construction (42 %). Les personnes exposées à une accumulation des conditions de travail pénibles (bruit, vibrations, tensions au travail…) subissent plus souvent de tels accidents. En se restreignant aux accidents survenus dans les 12 derniers mois, les jeunes travailleurs sont plus souvent victimes que les plus âgés. Interrogées sur leur dernier accident, un quart des victimes disent en conserver une gêne dans leur quotidien ; 8 % estiment que cette gêne est considérable. Dans trois quarts des cas, le dernier accident a contraint la personne à s’arrêter de travailler au moins un jour. Dans un cas sur cinq, l’arrêt a duré au moins 3 mois. À nouveau capables de travailler, 7 % des personnes n’ont pas retrouvé leur emploi antérieur. Parmi celles qui ont retrouvé leur emploi, 13 % estiment qu’elles n’ont pas bénéficié de toutes les adaptations nécessaires sur leur poste de travail.
En 2013, 5 % des personnes de 15 ans ou plus ayant travaillé au cours des 12 derniers mois déclarent avoir eu un accident au travail (hors trajet domicile-travail) ayant entraîné une blessure sur cette période (sources). Sur l’ensemble de la vie professionnelle, cette part est plus élevée : parmi les personnes qui travaillent ou ont travaillé, 26 % déclarent avoir subi au moins un tel accident depuis le début de leur carrière (figure 1).
Les ouvriers sont les plus exposés
Les ouvriers sont les plus exposés : 40 % déclarent au moins un accident avec blessure au cours de leur carrière, soit plus de deux fois plus que les cadres (16 %). Entre les deux se situent les employés (22 %) et les professions intermédiaires (25 %). De façon liée, le risque d’accident varie beaucoup selon le secteur d’activité : les travailleurs de la construction (42 %), et dans une moindre mesure ceux du transport (34 %), de l’agriculture (32 %) et de l’industrie (31 %), ont plus souvent eu des accidents depuis leur première embauche. Cette prévalence est en revanche plus faible dans les services financiers (13 %) et dans l’information-communication (14 %). En partie en raison des métiers exercés, les hommes subissent deux fois plus souvent que les femmes des accidents au travail. Plus la carrière est avancée et plus le risque d’avoir été blessé dans un accident au travail est élevé (figure 2) : entre 55 et 59 ans, une personne sur trois signale un tel accident sur l’ensemble de sa carrière, contre seulement un jeune de moins de 30 ans sur cinq. Au-delà de 60 ans, cette part diminue : avec le temps, les personnes tendent peut-être à omettre des accidents qu’elles auraient subis, notamment les moins graves. En revanche, sur les 12 derniers mois, les jeunes sont plus exposés que les seniors : 8 % des 15-24 ans qui ont travaillé durant cette période déclarent avoir été accidentés au travail dans l’année, contre 3 % des 55-64 ans.
Les jeunes se blessent plus souvent avec leurs outils de travail
Les causes d’accident les plus fréquentes sont les chutes (28 %), de plain-pied (18 %) ou de hauteur (10 %), les machines et outils (22 %) et la manipulation d’une charge ou un effort excessif (17 %) (Figure 3).
Ces causes diffèrent avec la profession exercée. Les machines et outils
sont à l’origine de près de trois accidents sur dix pour les ouvriers et
les artisans, commerçants et chefs d’entreprise. Les chutes de plain-pied
ont provoqué un quart des accidents pour les cadres comme pour les
employés, mais les employés se sont plus souvent blessés en manipulant une
charge lourde ou en faisant un effort excessif (22 %) et les cadres, en
particulier les commerciaux, lors d’accidents de la route (13 % contre 9 %
pour l’ensemble, hors trajet domicile-travail). Les agriculteurs se
blessent plus souvent à la suite d’une chute de hauteur (19 %), d’une chute
d’objet (18 % contre 11 % en moyenne) ou d’un accident provoqué par un
animal (10 % contre 1 %). Dans la construction, 21 % des accidents sont dus
à des chutes de hauteur ; dans l’industrie, 37 % proviennent des machines
et outils. La manipulation d’une charge ou l’effort excessif (y compris la
manipulation de personnes) causent 26 % des accidents dans la santé et
l’action sociale. Les causes d’accidents varient aussi avec l’âge : les
jeunes se blessent plus souvent avec leurs outils de travail ou lors
d’accidents de la route. Chez les travailleurs de 55 ans ou plus les chutes
de hauteur et de plain-pied sont à l’origine de 39 % des accidents, contre
19 % pour les moins de 25 ans.
Les accidents des plus âgés sont plus graves
Un quart des personnes blessées dans un accident au travail estiment que le dernier accident les limite encore dans leurs activités quotidiennes : 8 % de manière « considérable » et 17 % « dans une certaine mesure » (figure 4).
Ces limitations sont plus fréquentes chez les agriculteurs (34 %), les
employés (28 %) et les ouvriers (27 %). En particulier, les ouvriers
signalent deux fois plus souvent que les cadres et les professions
intermédiaires être « considérablement » gênés dans leur quotidien (10 %,
contre 5 %). En revanche, il existe peu de différences entre les hommes et
les femmes. La fréquence des accidents ayant entraîné de telles
conséquences augmente aussi fortement avec l’âge au moment de l’accident :
14 % des accidentés de 55 ans ou plus ont subi par la suite une gêne «
considérable », contre 4 % pour les moins de 25 ans ; 26 % des accidentés
de 55 ans ou plus restent gênés « dans une certaine mesure », contre 12 %
pour les moins de 25 ans. Ces proportions sont identiques pour les seuls
accidents survenus au cours des 12 derniers mois. Dans trois quarts des
cas, le dernier accident a contraint la personne à s’arrêter de travailler
au moins un jour. Cette proportion est un peu plus élevée pour les employés
(82 %) et les ouvriers (77 %) et moindre pour les cadres (58 %). Les
agriculteurs (64 %) et les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (68
%) se sont moins souvent arrêtés qu’en moyenne, ce qui peut s’expliquer par
les spécificités des régimes de protection sociale des indépendants. Ils
déclarent ainsi que leur accident a été reconnu ou indemnisé dans un cas
sur deux, contre plus de trois cas sur quatre pour les ouvriers. En effet,
parmi tous les accidentés, 15 % des agriculteurs et 9 % des artisans,
commerçants et chefs d'entreprise répondent qu'ils n'ont pas été indemnisés
parce qu'ils n'étaient pas couverts, alors que cette part est inférieure à
3 % pour les autres catégories. Les cadres, dont les accidents au travail
sont souvent moins graves, s’arrêtent moins longtemps : 34 % de leurs
arrêts ont duré 7 jours ou moins, contre 20 % pour les ouvriers ou 11 %
pour les agriculteurs. Chez ces derniers, les arrêts de plusieurs semaines
sont plus fréquents : 71 % ont duré deux semaines ou plus, contre 58 % pour
l’ensemble des arrêts de travail. De même, la moitié des arrêts de travail
(en excluant les arrêts toujours en cours) ont duré moins de 21 jours.
Cette durée médiane varie de 15 jours pour les cadres à 30 jours pour les
ouvriers ou les agriculteurs.
4 % des accidents ont entraîné la fin de l’activité professionnelle
Parce qu’ils ne sont pas encore remis de leur accident (arrêt de travail en cours, invalidité, etc.), 3 % des accidentés ne travaillent pas au moment de l’enquête, dont 2 % pensent ne jamais reprendre leur activité. Pour ceux qui n’ont pas été arrêtés, ou dont l’arrêt est terminé, 7 % n’ont pas retrouvé leur emploi après leur accident, principalement à la suite d'un licenciement, d'une fin de contrat ou d'une démission, dont 2 % n'ont jamais retravaillé. Ainsi, au total, 4 % des accidentés n’ont pas retravaillé après leur accident ou, pour ceux encore en arrêt, ne pensent pas reprendre. Lorsque l’accident est survenu à 55 ans ou plus, l’activité professionnelle a pris fin beaucoup plus souvent : à ces âges, 15 % des victimes n’ont jamais retravaillé ou ne pensent pas pouvoir le faire. La cessation d’activité n’est pas toujours définitive : 5 % des accidentés n’ont pas poursuivi leur activité antérieure à la suite de l’accident mais ont retrouvé un autre emploi. Ces ruptures sont plus fréquentes en début de carrière (9 % des accidents survenus avant 25 ans) qu'en fin de carrière (2 % au-delà de 55 ans). Neuf personnes sur dix ont repris ou poursuivi leur activité antérieure après leur dernier accident (chez leur employeur ou en tant qu’indépendant). Parmi elles, 5 % ont changé de poste de travail ou de fonction à cause de leur accident, 3 % ont diminué leur temps de travail et 4 % ont réduit leur charge de travail, ces aménagements pouvant se cumuler. Au total, 9 % ont bénéficié d’au moins un de ces trois aménagements. Cependant, 13 % n’ont pas bénéficié de tous les aménagements qu’elles jugeaient nécessaires (qu’elles aient ou non bénéficié de certains). Cette insatisfaction est plus fréquemment exprimée par les travailleurs âgés, les femmes, les agriculteurs, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise et les employés. Le plus souvent, elle concerne la charge de travail.
Les risques d’accident augmentent avec les conditions de travail pénibles
Quand les conditions de travail sont difficiles, le risque d’accident est plus grand (figure 5).
Ainsi, alors que 18 % des personnes ont été blessées dans un accident au
travail dans leur emploi le plus récent (emploi actuel ou dernier emploi
pour celles qui ne travaillent pas), cette part est de 28 % pour les
personnes qui travaillent dans des postures pénibles ou effectuent des
mouvements fatigants et de 38 % pour les personnes exposées à de fortes
vibrations. Les contraintes psychologiques, notamment les tensions dans le
collectif de travail, sont également associées à une plus grande fréquence
des accidents. Cette fréquence augmente avec le cumul des facteurs associés
à des conditions de travail pénibles (figure 6).
Parmi les personnes ne déclarant aucune contrainte physique ou relationnelle dans leur emploi le plus récent, seules 4 % ont subi au moins un accident avec blessure dans le cadre de cet emploi, et 1 % ont subi un accident qui les limite dans leur vie quotidienne. Au contraire, 48 % des personnes qui cumulent au moins 12 contraintes ont subi au moins un accident, et 15 % d’entre elles sont encore limitées dans leurs activités quotidiennes à la suite de cet accident.
Sources :
Le module complémentaire de l’enquête Emploi 2013 sur les accidents au travail et les problèmes de santé liés au travail a été mené par l’Insee auprès de 26 824 personnes, vivant dans un logement ordinaire de France métropolitaine et travaillant ou ayant travaillé. Il a été coordonné par Eurostat. 7 214 personnes ont déclaré au moins un accident au travail avec blessure (toute lésion ou dommage physique) au cours de leur vie. L’accident le plus récent ayant entraîné une blessure a fait l’objet d’un questionnement approfondi. Seuls ces accidents sont étudiés ici. Les arrêts de travail recouvrent toutes les périodes, indemnisées ou non, où les personnes étaient dans l'incapacité de travailler en raison de l'accident. La durée totale prévue des arrêts toujours en cours a été renseignée par tranche. Les accidents décrits dans l’enquête ont eu lieu au travail ou durant une activité professionnelle. En particulier, les accidents survenus sur le trajet domicile-travail sont exclus du champ de l’enquête. Par construction, les accidents mortels ne sont pas pris en compte ici.
Bibliographie :
Garoche B., « Les accidents du travail et les accidents de trajet », Dares Résultats n° 039, juillet 2016.
Alvaga E. et Vinck L., « Contraintes physiques, préventions des risques et accidents du travail », Synthèse Stat’ n° 10, Dares, mars 2015.
Amossé T. et al., « Les accidents du travail et problèmes de santé liés au travail dans l’enquête SIP. (In)visibilités et inscriptions dans les trajectoires professionnelles », Rapport de recherche du CEE, juin 2012.
Damien Babet et Jérôme Lê, division Emploi, Insee
Insee Premiere
N°1719
Novembre 2018
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