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- La prévention des risques professionnels dans les aciéries
Les risques sidérurgiques dans les aciéries sont d'une grande variété et d'une dangerosité élevée : L'intoxication par inhalation, l'exposition au bruit et à la chaleur intense des fours et des coulées, les projections liées aux process, les brulures, les accidents causés par la circulation des engins, les équipements lourds de levage et de manutention ...
Les risques sidérurgiques dans les aciéries sont d'une grande variété et d'une dangerosité élevée :
- L'intoxication par inhalation de gaz toxiques (gaz de haut-fourneau et d'aciérie, dioxydes de soufre et d'azote, hydrocarbures aromatiques polycycliques, …), de poussières de charbon et de minerai de fer, contenant aussi des métaux lourds, de la silice des matériaux réfractaires …
- L'exposition au bruit et à la chaleur intense des fours et des coulées,
- Les projections liées aux process, les brulures,
- Les accidents causés par la circulation des engins, les équipements lourds de levage et de manutention,
- Des risques importants d'explosion et d'incendie liés à la présence de métal coulé en fusion, de fours et de circuits électriques à haute tension, notamment dus au contact d'eau avec des matières en fusion, dont les effets sont décuplés par l'utilisation d'oxygène, d'huiles hydrauliques, graisses et poussières inflammables, carbure de calcium …
De plus, il faut prendre en compte les risques professionnels non spécifiques à l'aciérie, liés aux manutentions manuelles, aux chutes de plain-pied, à la possibilité des contacts avec des conducteurs électriques sous tension …
Par des mesures de prévention appropriées, on peut réduire toutes ces expositions et diminuer fortement les risques professionnels dans les aciéries.
Les principaux risques dans les aciéries
Deux procédés sont possibles pour fabriquer de l'acier :
- la filière traditionnelle, avec fabrication de fonte à partir de minerai de fer, de coke (charbon purifié de ses gaz et huiles lourdes) et de castine (fondant calcaire) dans des hauts fourneaux (par réaction chimique de réduction) puis passage dans des convertisseurs à l'oxygène pour brûler le carbone de la fonte (décarburation) et obtenir un acier liquide ;
- la filière électrique, à partir de ferrailles recyclées dans des fours à arc électrique.
Dans toutes les activités sidérurgiques, les aciéristes utilisent des fours et des alliages en fusion qui exposent à de fortes chaleurs et aux rayons infrarouges et sont exposés à de nombreux gaz, poussières et produits chimiques, dont certains sont allergènes et cancérogènes : l'industrie sidérurgique se caractérise par des émissions polluantes parmi les plus élevées. Les risques thermiques et d'incendie / explosion liés au métal liquide, chimiques liés aux produits utilisés et physiques liés aux manutentions, aux machines et équipements de levage, à une forte intensité sonore … font de l'aciérie une activité très accidentogène.
- Les risques thermiques dans les aciéries
La fonte se fluidifie dans les haut-fourneaux à la température de 1600 °C puis est soutirée au bas du haut-fourneau pour être coulée sous forme de gueuses ou déversée dans des poches qui permettent son transfert, à l'état liquide, jusqu'au convertisseur. L'acier liquide des inoxydables va même au-delà de 1700 °C.
Du fait de ces procédés, les halles des aciéries sont donc particulièrement exposées à l'énergie rayonnante des infrarouges, aux températures élevées et aux risques de brûlures thermiques, en particulier évidemment aux postes de coulée qui, de ce point de vue, sont les plus pénibles de l'aciérie. Le suivi de la fusion, la proximité du métal en fusion, le contact avec des machines ou outillages chauds, le décrassage de la surface du bain liquide, de la poche de coulée, et notamment pendant les périodes de montage, réglage et maintenance sont les principales sources de risque thermique.
Le contact direct de la peau avec des surfaces chaudes ou des métaux en fusion peut bien entendu d'abord provoquer de très graves brûlures cutanées, lors du transport du métal fondu ou par flammèches et coulures, débordements, jets ou d'éruptions de métal incandescent ; ces risques de brûlures se rencontrent à de nombreux stades du processus de fabrication de l'acier : aux hauts-fourneaux pendant la coulée du métal ou du laitier en fusion, en provenance des poches de coulée ou des mélangeurs. Mais la proximité d'une source de chaleur peut aussi entrainer des céphalées, hypersudation, tachycardie, hypotension et, conjuguée à des températures de l'air élevée, provoquer des malaises dus à la déshydratation et des troubles circulatoires. Au-delà de 25 oC, l'inconfort se fait ressentir avec, de plus, toutes les conséquences psychologiques que cela peut avoir sur la précision des gestes, la vigilance et donc la sécurité (diminution des capacités de réaction, irritabilité, agressivité). Les expositions au rayonnement infrarouge provenant du métal en fusion, dont la densité de puissance transférable est beaucoup plus forte qu'en convection, peuvent augmenter le risque de cataracte et d'altération rétinienne et cornéenne ou de brûlures ou d'irritations cutanées. Les risques oculaires sont fortement aggravés par les rayons directs lorsque le travailleur fixe la source IR de la lumière aveuglante provenant des fours de manière prolongée, en restant immobile dans son axe, mais il faut aussi tenir compte des rayons indirects par réflexion sur des surfaces réfléchissantes.
Enfin, l'exposition chronique aux chaleurs intenses augmente le risque de développement de toutes les maladies cardio-vasculaires : c'est particulièrement le cas pour le travail devant les hauts-fourneaux et face aux fours, dans les fours, les répartiteurs et les lingotières pendant les réparations, qui implique des efforts pénibles dans une ambiance surchauffée. Il faut aussi tenir compte du choc thermique provoqué lors du passage en cabine climatisée après une exposition à la chaleur. - Les risques chimiques dans les aciéries
Une aciérie génère des panaches de fumées rousses, poussières d'oxyde de fer, particulièrement visibles et salissantes. Ce n'est qu'une partie des polluants atmosphériques émis par la fabrication de l'acier : l'envol de poussières des stocks extérieurs de matières premières (charbon et minerai de fer) et de celles émises par les unités de fabrication contenant des métaux lourds et de la silice, du spath fluor employé comme fondant dans les fours, les gaz produits tels que le monoxyde de carbone, les dioxydes de soufre et d'azote, les composés organiques volatils (dont le benzène), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), etc. constituent un risque chimique respiratoire important avec des impacts sur la santé au travail et sur l'environnement significatifs.
Les sources d'émission de poussières et de gaz sont très nombreuses : les trémies percées, les manques d'étanchéité des circuits et des jonctions, les poussières de silice chaude au démoulage, la démolition et la réfection des poches, le nettoyage des lingotières, les échappements du gueulard des hauts-fourneaux, les émanations de gaz provenant des vannes, les fumées lors de la coulée etc.
Les postes de travail les plus fortement exposés aux émissions de poussières nocives et de gaz toxiques sont ceux des ponts roulants, du bassin de coulée, de démolition et de réfection des fours, d'entretien électrique, mécanique et de dépoussiérage. L'exposition aux poussières métallurgiques ou minérales peut générer des affections des voies respiratoires supérieures et inférieures : manifestations aiguës comme les irritations pulmonaires et laryngo-pharyngées (rhinites, trachéites….), ou manifestations respiratoires chroniques (bronchites, BPCO, emphysème, asthme) et des affections graves sous forme de silicose, sidérose ou cancers pulmonaires.
Des atteintes respiratoires sont causées par l'inhalation d'autres gaz irritants, asphyxiant et/ou toxiques que dégage les hauts-fourneaux ou les convertisseurs : H2S, HCL, NH3, CO, NO, NO2, SO2 … L'inhalation de ces gaz provoque des affections des voies respiratoires supérieures et inférieures aiguës ou chroniques en pénétrant dans les bronchioles et alvéoles pulmonaires.
- Les fumées émises par le métal liquide
Toutes les fumées pyrométallurgiques émises par des métaux et laitiers en fusion peuvent entrainer des pathologies respiratoires (toux, expectoration, essoufflement), particulièrement pour certains alliages avec des oxydes de métaux dangereux pour la santé (plomb, cadmium, chrome…) qui peuvent également être présents dans les fumées : le minerai de fer ne contient pas seulement de l'oxyde de fer mais aussi en petite proportion d'autres composés métalliques avec des teneurs variables en Zinc, Plomb, Cadmium, Manganèse … ainsi que la charge de ferrailles dans le cas des aciéries électriques, ou les ajouts d'alliage dans les fours d'élaboration d'aciers spéciaux (Vanadium, Chrome …).
L'inhalation de poussières ou de fumées contenant des particules de fer ou d'oxyde de fer peut provoquer la sidérose, pneumoconiose de surcharge, car les particules de fer n'exercent pas d'effet toxique sur le poumon : la maladie tend à disparaître lorsque cesse l'exposition.
Le zinc (mais aussi le manganèse) est responsable de la « fièvre des fondeurs » causée par l'inhalation d'oxydes de ces métaux qui provoque un syndrome pseudo-grippal (fièvre, mal de gorge, douleurs musculaires, transpiration) spontanément réversible sans séquelle.
L'intoxication chronique au plomb, par inhalation de fumées et de poussières, expose les travailleurs à des maladies professionnelles à long terme (saturnisme), par effets cumulatifs : troubles du système nerveux, anémie, insuffisance rénale, altération de la fertilité.
Chez les travailleurs exposés au vanadium, des troubles neurologiques (céphalées, asthénie, sensations vertigineuses, tremblements) ont été notés.
Par inhalation, le vanadium peut provoquer des irritations des poumons, de la gorge des yeux et des cavités nasales et l'inhalation répétée de pentoxyde de vanadium est possiblement cancérogène (cancers broncho-pulmonaires).
Les fumées d'oxydes métalliques sont par ailleurs allergisantes et peuvent être à l'origine de véritables asthmes professionnels, urticaire, œdème de Quincke.
- Les poussières de silice cristalline et de graphite
Les émissions de silice cristalline (cristobalite) ont des sources multiples : garnissage, réfection du garni et réparation des hauts-fourneaux, des fours d'aciéries et des mélangeurs avec des matériaux réfractaires, démolition et réfection des poches de coulée, meulage et nettoyage des lingotières, démouleuse dans la halle du démoulage.
Les particules de poussières de silice cristalline peuvent être très fines (d'un diamètre inférieur à 5 microns) et sont donc invisibles à l'œil nu, et restent longtemps en suspension dans l'air ambiant.
En étant inhalées et en séjournant longtemps dans le tissu pulmonaire, les très fines poussières de silice provoquent une inflammation chronique des muqueuses pulmonaires, la formation d'un tissu pulmonaire fibreux, la constitution de nodules, entrainant une maladie respiratoire, une pneumoconiose fibrosante nommée silicose, se traduisant par un essoufflement à l'effort (dyspnée) et de la toux au début, jusqu'à une déficience respiratoire très grave et une insuffisance cardiaque (tableau n°25 des maladies professionnelles du Régime Général). La silicose affecte la fonction pulmonaire au point de favoriser le développement de cancers broncho-pulmonaires : la silice est classée comme cancérogène avéré par le CIRC mais n'est classée par l'Union européenne que comme Agent Chimique Dangereux (ACD).
Par ailleurs, les poussières de silice cristalline peuvent induire une irritation des yeux et provoquer l'apparition de bronchites chroniques.
La présence de poussières de graphite émise lors de la manipulation pour recarburer l'acier est aussi possiblement responsable de l'apparition de pneumoconioses (anthracose).
- Les gaz irritants, asphyxiant et/ou toxiques
Les fuites au niveau des cuves ou encore des nombreuses canalisations de gaz installées dans les aciéries peuvent provoquer de graves intoxications.
Les émissions de polluants gazeux sont principalement dans une aciérie :
. le monoxyde de carbone (CO), notamment dans l'atmosphère du bâtiment des manches filtrantes (bag-house) dans le cas des fours à arc ou lors des interventions de réparation des hauts-fourneaux près des gueulards ou des trous de coulée ou de laitier,
. les oxydes de soufre et d'azote, les fluorures gazeux issus de l'emploi de spath fluor comme fondant,
. le benzène, le toluène, le xylène, les phénols et les hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP des produits de combustion d'huiles, de graisse, de caoutchouc, de matières plastiques, de peintures au chargement et à la fusion des ferrailles,
. l'ozone produit lors de décharges électriques.
L'inhalation de ces gaz provoque des irritations et affections des voies respiratoires supérieures et inférieures aiguës ou chroniques en pénétrant dans les bronchioles et alvéoles pulmonaires.
De plus :
. Le monoxyde de carbone (CO) est facteur de risque d'ischémie et provoque des maux de tête, une fatigue, des nausées, des vertiges et peut entrainer une grave asphyxie.
. Le benzène et certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) formés lors de la pyrolyse de produits organiques sont classés comme cancérogènes.
. Les vapeurs fluorées peuvent provoquer des œdèmes pulmonaires.
D'autres gaz nocifs (acide chlorhydrique HCL, hydrogène sulfuré H2S, acétylène, ammoniaque NH3, etc.) peuvent être présents à l'atelier de désulfuration, au four électrique, à la démouleuse.
- Autres risques chimiques
La chaux, chargée dans le four électrique avec les ferrailles, peut occasionner des brûlures à la peau, aux yeux et aux muqueuses et des dermatoses chroniques. Le carbure de calcium, la cyanamide calcique, utilisés comme agent de désulfuration ou de nitruration de l'acier, provoquent des irritations de la peau et des muqueuses.
Enfin, il faut tenir compte de l'éventuelle contamination radioactive des métaux de récupération. - Les risques physiques dans les aciéries
Les énergies mécaniques colossales mises en œuvre dans les aciéries sont sources de risques physiques importants, liés aux mouvements d'équipements lourds aux tailles impressionnantes manœuvrant plusieurs tonnes de métal en fusion (basculeurs de poche, ponts roulants, gros engins automoteurs de levage et de manutention de charges …).
- Risques liés aux machines et outillages
Les machines susceptibles d'avoir des organes en mouvement provoquent des risques de coupure aux mains, de lacérations des avant-bras, en particulier lors des mises en marche intempestives, des arrêts anormaux suite à une rupture d'énergie ou lors des nettoyages par exemple.
La manipulation de la ferraille et l'utilisation d'outils au finissage ou à l'expédition occasionne des risques de coupures. - Risques liés aux manutentions
Si la mécanisation et l'automatisation des opérations ont beaucoup réduit les manipulations manuelles, subsistent encore des situations ou le port de lourdes charges et des contraintes posturales exigeantes du rachis sont à l'origine d'accidents de travail concernant la colonne vertébrale (dorsalgies, lombosciatiques).
Un trafic intense d'engins lourds, de chariots de manutention, est intrinsèquement dangereux, générant potentiellement des accidents graves. Les dangers concernent non seulement les conducteurs d'engins mais également tous les aciéristes qui se trouvent à proximité, qui peuvent être heurtés par l'engin ou sa charge du fait de l'inattention, du manque de visibilité, ... Le danger de collision avec d'autres engins dans la même zone de travail est possible.
Le déplacement des engins sur le site peut générer des risques de heurts avec les travailleurs à pied. Par ailleurs, les nombreux ponts roulants (par exemple pour le transports des poches) entrainent des risques de l'élingage des charges ou ceux des autres accessoires de levage, rupture de l'élingue, déséquilibre et glissement de la charge, qui représentent de sérieux dangers pour les pontonniers ou les travailleurs à proximité.
- Autres risques physiques
Chutes de plain pied sur sol glissant du fait de la graisse, huiles répandues …, inégal ou encombré, projections de corps étrangers dans les yeux en particulier aux opérations de finissage de l'acier, électrocution par contact direct, sont des risques omniprésents dans les aciéries. - Les risques sonores dans les aciéries
Les sources de bruits dans les aciéries sont nombreuses : le bruit des souffleries, le bruit émis par le four à arc électrique (notamment pendant la phase de fusion pouvant atteindre 120 dB(A)), le bruit de la manutention des ferrailles et de l'enfournement dans la cuve, etc. entrainent des niveaux sonores continus de 90 dB(A) couramment constatés dans les halles des aciéries.
La démolition et la mise en place des réfractaires à l'aide d'outils pneumatiques sont des opérations très bruyantes, les cabines des ponts roulants sont particulièrement exposées au bruit.
En dehors des atteintes au système auditif (déficit auditif pouvant entrainer à la longue une surdité professionnelle, acouphènes…), le bruit ambiant peut entraîner une gêne ou un stress vecteur de troubles du psychisme et de pathologies qui nuisent non seulement à la santé de l'aciériste mais aussi à la sécurité de son travail par baisse de vigilance et de dextérité ou de concentration. - Risques d'incendie et d'explosion en aciérie
Les risques majeurs d'explosions et d'incendies liés à l'acier liquide et l'eau environnante, à la présence d'oxygène et d'hydrocarbures inflammables, sont omniprésents dans les aciéries.
Lors de la coulée du métal en fusion, l'épanchement de métal et l'incendie consécutif au contact de matériaux combustibles, ou une explosion eau/métal sont les risques potentiels majeurs dans les aciéries. La vaporisation d'eau contenue dans le métal ou le laitier en fusion expose à un risque d'explosion : en effet, le contact d'objets humides et a fortiori d'eau avec un bain de métal en fusion peut provoquer des projections explosives de métal liquide sur une large zone, avec risque de propagation d'un incendie.
En présence d'eau, le carbure de calcium utilisé à l'atelier de désulfuration dégage de l'acétylène hautement inflammable entraînant aussi des risques d'incendie et d'explosion.
Des explosions peuvent aussi se produire dans les conteneurs d'acier en fusion avec injection d'oxygène, dans la centrale à oxygène…
Un incendie peut survenir également du fait des équipements électriques à haute et moyenne tension (tunnels et passages de câbles, transformateurs, tableaux de distribution électrique …).
Les mesures de prévention des risques dans les aciéries
Compte tenu des risques professionnels élevés en fréquence et gravité dans les aciéries, un haut niveau de prévention, de contrôle et de protection est requis : les ateliers et halles des aciéries doivent faire l'objet d'une analyse poussée des risques pour permettre la rédaction du Document Unique de Sécurité en appréciant à la fois l'environnement matériel et technique (outils, machines, produits utilisés) et l'efficacité des moyens de protection existants et de leur utilisation selon les postes de travail.
Les analyses de risques sont confiées à des spécialistes de la sécurité au travail (hygiéniste, ingénieur sécurité). Les rapports d'intervention et de maintenance seront aussi intégrés à la documentation de sécurité au travail de l'entreprise et communiquées au médecin du travail et au CHSCT.
Les salariés doivent être aussi informés à propos des produits dangereux mis en œuvre et formés aux pratiques professionnelles sécuritaires.
La prévention la plus efficace est la prévention primaire avec la mise en place de technologies qui permettent des actions sur les produits (suppression ou emploi de produits de substitution de moindre impact potentiel sur l'homme) et/ou des actions sur les procédés (emploi de matériels ou de machines supprimant ou limitant au maximum les impacts, par de très faibles rejets atmosphériques, par de bas niveaux sonores…).
La prévention collective implique l'utilisation de systèmes de fabrication isolés et automatisés et de dispositifs mécaniques comme l'extraction de poussières et de vapeurs qui permettent de réduire l'exposition des travailleurs, en particulier lorsque l'on ne peut pas remplacer des produits chimiques dangereux par d'autres pour des raisons techniques. Enfin, le port d'équipement de protection individuel (combinaison, gants, chaussures et lunettes de protection, masques…) est obligatoire pour réduire le risque d'exposition non totalement éliminé par les mesures de protection collectives, ainsi que la présence d'installations et de matériel de premier secours. De plus, un suivi médical renforcé et une bonne formation continue des aciéristes à la sécurité sont indispensables.
- L'identification, la suppression / substitution des produits et procédés les plus toxiques
La première étape consiste à repérer en particulier les agents chimiques cancérogènes ou dangereux dans le cadre de l'évaluation des risques du Document Unique de Sécurité (DUS). Les Fiches de Données de Sécurité (FDS), obligatoires pour tout produit chimique dangereux, comportent les renseignements relatifs à la toxicité des produits, donc notamment leur caractère cancérogène éventuel.
Choisir des produits les plus sûrs et adopter des procédés les plus sécuritaires sont les principes initiaux de la démarche de prévention. Par exemple,
. dans la mesure où les poussières émises par les réfractaires sont dangereuses, il faut privilégier le choix de matériaux pauvres en silice libre.
. la réduction de dioxydes d'azote peut être obtenue par la technique de re-circulation des fumées.
. on peut mécaniser les opérations et les commander à distance en cabine pressurisée et climatisée.
. les engins d'évacuation des scories peuvent être télécommandés
. Etc. - Réduction de l'émission de gaz et poussières
Les émissions de gaz et poussières doivent être réduites à toutes les étapes du traitement : convertisseurs à oxygène dotés d'une récupération de fumées, dépoussiérage des fours électriques systématique, captation des poussières puis traitement par des électro-filtres, par des filtres à manches, laquage et traitement dans la masse des stocks extérieurs, filtration et étanchéité des postes de cabines, nettoyage des bâtiments par aspiration pneumatique centralisée… - Une ventilation des lieux de travail adéquate
La ventilation et l'aération des lieux de travail jouent un rôle essentiel pour limiter la concentration de l'ensemble des fumées, gaz et poussières dans l'air ambiant et les évacuer des lieux de travail, de façon à respecter les valeurs limites fixées par les réglementations et éviter ainsi les conséquences sur la santé des travailleurs. On procède par ventilation générale des halles et par aspiration continue à la source aux postes de travail des fumées pour ensuite les dépoussiérer à sec ou par voie humide.
La ventilation mécanique générale, extracteur d'air pour l'aspiration des fumées, doit assurer un renouvellement d'air en permanence afin de limiter les risques pour la santé, en évitant l'accumulation de vapeurs nocives et explosives, par extraction et soufflage : l'air est transporté dans le local par un ventilateur de soufflage et extrait du local par un ventilateur d'évacuation ou sort en toiture grâce à des dispositifs statiques, avec un appel d'air du bas vers le haut, du fait de la convection thermique à partir des sources chaudes. L'extraction de l'air se fait grâce à un système de collecte par ces ventilateurs et des gaines de diffusion, réseau de conduits jusqu'aux filtres et aux épurateurs dans l'installation d'air soufflé qui permettent de nettoyer l'air, puis de l'évacuer à l'extérieur par rejet dans l'atmosphère.
Les composants aérauliques comme les ventilateurs, les conduits doivent être accessibles et faciles d'entretien et de nettoyage. En particulier, les réseaux s'encrassent rapidement avec de filtres hors d'usage, une évacuation des condensats obstruée… L'entretien régulier du système de ventilation (nettoyage des conduits d'extraction, changement des filtres) est une condition indispensable de bon fonctionnement.
Ces dispositifs doivent être complétés par une ventilation avec extraction localisée des vapeurs, des fumées et particules métalliques, … ou sur les équipements avec filtres, épurateurs ou autres collecteurs de poussières : par exemple, hottes au-dessus des principaux points d'émission (four, poche de coulée), fours à arc équipés de dépoussiéreurs à sacs filtrants (bag-house) etc.
Pour mesurer l'efficacité des installations de ventilation, la mesure périodique des agents chimiques par prélèvements d'atmosphère et analyses des vapeurs, gaz, poussières est importante.
La valeur limite correspond à sa concentration dans l'atmosphère dans laquelle une personne peut travailler pendant un temps donné sans risque d'altération pour sa santé.
La Valeur Limite d'Exposition (VLE) est la concentration maximum à laquelle un travailleur peut être exposée au plus pendant 15 mn sans altérations physiologiques : ce critère a pour but d'éviter les effets immédiats sur l'organisme. La Valeur Limite Moyenne d'exposition (VME) est la limite d'exposition d'un travailleur pour une exposition régulière de 8h par jour et de 40h par semaine : ce critère a pour objectif d'éviter les effets à long terme sur l'organisme. Par exemple : plomb 0,1 mg/m3 sur 8 heures ; 0,1 mg/m3 pour la silice cristalline sous forme de quartz et 0,05 mg/m3 pour la silice cristalline sous forme de cristobalite ;
La norme EN 481 concerne l'échantillonnage de poussières ou d'aérosols sur les lieux de travail et donne les caractéristiques des instruments à utiliser pour déterminer les concentrations.
Les mesures et analyses peuvent être faites par l'employeur ou par un laboratoire extérieur et le respect des valeurs limites doit être vérifié au moins annuellement.
Si la valeur limite d'exposition est dépassée, cela permet d'imposer un arrêt temporaire d'activité pour remédier à la situation, puis il faut réaliser un nouveau contrôle sans délai.
Ces rapports d'analyses métrologiques, d'intervention et de maintenance seront intégrés à la documentation de sécurité au travail de l'entreprise (Document Unique de Sécurité).
Pour compléter la prévention, des détecteurs de CO portatif ou fixe permettent un avertissement précoce du danger. Par ailleurs, pour ne pas charger les fours en éléments radioactifs provenant des ferrailles à recycler, il convient de contrôler toutes les ferrailles au moyen de détecteurs de rayonnement. - L'utilisation de machines et équipements adaptés
Le process des grandes aciéries industrielles est mécanisé et automatisé, ce qui réduit considérablement les risques thermiques, physiques (manutention, coupures…) et acoustiques. Toutefois, des incidents dans l'automatisation des opérations, des fuites, nécessitent des interventions de maintenance qui restent dangereuses.
La protection contre les risques thermiques nécessite une bonne isolation thermique et l'inaccessibilité des parties chaudes des équipements en installant des écrans d'isolation thermique entre les aciéristes et les sources de chaleur rayonnante, des rideaux d'eau ou d'air devant les fours ou la mise en place de rideaux de chaînes anti-chaleur.
Toute machine doit porter les avertissements, signalisations et dispositifs d'alerte indispensables pour assurer la sécurité des travailleurs afin de supprimer ou réduire au minimum les risques de coupure, d'entraînement, d'écrasement, de cisaillement. Cette identification doit être réalisées par des pictogrammes et couleurs normalisées. Les éléments de travail doivent être disposés, protégés, commandés ou équipés de façon telle que les opérateurs ne puissent atteindre la zone dangereuse (carters de protection des organes en mouvement…).
Les panneaux de signalisation seront choisis et disposés de façon à être perçus et compris facilement sans ambiguïté. Chaque machine doit être munie d'un ou plusieurs dispositifs d'arrêt d'urgence et en cas d'ouverture clairement identifiables, accessibles et en nombre suffisant, permettant d'éviter les situations dangereuses en train de se produire. Des ponts roulants et des cabines en bon état, l'emploi des engins de levage avec des procédures correctes dans leur utilisation et dans l'arrimage des charges de façon à éviter leur chute, le respect de la réglementation de sécurité, les vérifications des accessoires de levage et leur bonne gestion (identification, stockage, rebut) permettant de déceler toute détérioration ou défectuosité des accessoires de levage, le respect des charges maximales d'utilisation et du bon alignement du centre de gravité, sont des mesures essentielles de réduction des dangers auxquels les élingueurs et pontonniers des aciéries sont exposés.
Le respect des recommandations des constructeurs et un entretien régulier des installations sont des éléments essentiels pour limiter les risques accidentels et pour prévenir des émanations. Ainsi, l'utilisation et l'entretien des machines doivent être effectués par un personnel qualifié, spécifiquement formé.
Des machines utilisées de manière non conforme ou mal entretenues et non vérifiées périodiquement créent un risque supplémentaire : par exemple, vérification de bon état du mécanisme de basculement des poches…
Des sols exempts de trous ou d'aspérités, avec des revêtements antidérapants, un drainage satisfaisant et des caillebotis qui évitent le dépôt de liquides, diminuent les risques de glissades et chutes de plain-pied : les sols doivent être de plus nettoyés régulièrement et tout produit accidentellement répandu, lors d'une fuite ou déversement, immédiatement épongé. - Réduction de l'émission sonore
Par le choix ou l'achat de machines et par l'utilisation de procédés silencieux, les émissions sonores peuvent être maintenues à un plus bas niveau.
Les machines bruyantes, les pompes hydrauliques seront, selon les possibilités, munis de capots insonorisants et pour réduire les bruits transmis par les sols et les structures, des blocs anti-vibrations peuvent être placés entre la machine et la surface d'appui.
Les postes de commande et de contrôle peuvent se situer dans un local séparé avec une isolation phonique.
En ce qui concerne les locaux, les réflexions sur les murs entraînent une augmentation du niveau sonore et des mesures préventives de correction acoustique comme la mise en place d'un plafond absorbant, de cloisons amovibles à proximité des installations, réduisent à la fois le niveau sonore et protègent les postes de travail avoisinants.
L'amélioration de l'étanchéité des fours, leur isolation des autres ateliers par l'éloignement et des portes commandées à distance, peut conduire à une réduction du bruit pour tous les aciéristes. - La prévention des incendies et des explosions
Il est impératif de bien sécher des charges introduites, les poches et l'outillage, et de disposer d'une zone de coulée exempte de trace d'eau.
Il est interdit de fumer à proximité des aires de stockage des gaz et des produits combustibles.
Les moyens de secours et de lutte contre l'incendie doivent être particulièrement adaptés et régulièrement contrôlés, avec des plans d'évacuation et des exercices d'application fréquents, et un matériel de lutte contre l'incendie doit être réparti judicieusement sur toute l'étendue du site de l'aciérie.
Il faut vérifier la bonne marche et le bon état des matériels et des circuits électriques. Les étincelles, arcs et échauffements anormaux provoqués par les moteurs et appareillages électriques en fonctionnement peuvent déclencher la catastrophe.
Il convient d'utiliser de l'appareillage électrique conçu pour atmosphères dangereuses afin de prévenir que le matériel, y compris l'éclairage, soit à l'origine d'un incendie ou d'une explosion.
La protection contre les contacts avec les masses mises accidentellement sous tension est obtenue par un dispositif de coupure automatique en cas de défaut d'isolement.
Il est fortement recommandé de placer des explosimètres dans les zones de réception / manutention / stockage. Dans le domaine des atmosphères explosives (ATEX), des normes européennes fixent le cadre de travail des industriels et des installateurs. Tout site de type ATEX doit être équipé avec du matériel certifié, avec des enveloppes antidéflagrantes (disjoncteurs, dispositifs d'éclairage antidéflagrants).
Une bonne tenue des sols, imperméables et incombustibles, bien drainés, avec des moyens de rétention, une protection passive à l'aide de revêtements protecteurs réfractaires pour assurer une résistance au feu utile aux poteaux de charpente et aux surfaces incombustibles faites d'acier, complètent les mesures de prévention des effets destructeurs du feu. - Le respect des règles d'hygiène
Des lavabos, postes de rinçage oculaire et des douches de sécurité doivent se trouver à proximité des postes de travail. Celles-ci permettent les mesures d'hygiène générale : lavage des mains fréquent avec moyens adaptés, douche en fin de poste... En effet, le respect des règles d'hygiène s'étend aux comportements individuels : ne pas avoir les mains sales afin de ne pas ingérer par inadvertance un produit toxique et ne pas manger sur le lieu de travail.
Le personnel doit avoir à sa disposition des vestiaires et des sanitaires correctement équipés et en nombre suffisant. Des vestiaires doubles doivent être mis à la disposition des travailleurs : l'entreposage des tenues de travail doit avoir lieu à l'abri de la poussière et des souillures (le rangement des tenues de ville et des tenues de travail doit être séparé).
Des procédures de travail en ambiance chaude doivent être édictées et respectées de manière à réduire la contrainte thermique : absorption en quantité suffisante d'eau et de boissons renfermant des sels minéraux, rythme travail-repos aménagés en zone tempérée avec un temps de récupération minimum obligatoire. - Le port d'équipements de protection individuel adéquat
Les équipements de protection individuelle sont nécessaires pour réduire le risque d'exposition non totalement éliminé par les mesures de protection collectives précédentes : gants, vêtements de protection, chaussures et lunettes de sécurité, différents et adaptés à la tâche effectuée.
S'il y a possibilité de contact avec la main lors des transvasements de produits chimiques par exemple, il s'avère indispensable de porter des gants de protection adaptés au produit manipulé : il n'existe pas de gant de protection universel. Le type de gants conseillé, imperméables, à longues manchettes, pour éviter la pénétration des produits à l'intérieur, doit être adapté aux différents produits manipulés selon leur composition qui figure sur la Fiche de Sécurité (FDS). Des gants appropriés doivent être aussi utilisés pour éviter les coupures aux mains, d'autres pour la protection contre la chaleur ainsi que des manchettes en isolant thermique.
Des vêtements ignifugés de protection contre la chaleur, tablier, lunettes de sécurité avec verres filtrant les infrarouges ou écran facial de protection complètent la protection pour les travailleurs exposés à la chaleur.
En cas d'urgence ou pour des travaux exceptionnels d'entretien de courte durée, si le système de ventilation ne suffit pas à empêcher l'accumulation de vapeurs ou de poussières, un appareil de protection respiratoire adéquat doit être fourni pour éviter l'exposition à une concentration élevée : masque à cartouche FFP3 avec un filtre adapté au produit.
De même, des protections auditives sont recommandées pour compléter les mesures collectives de lutte contre le bruit qui s'avéreraient insuffisamment efficaces.
Des postes de rinçage oculaire et les douches de sécurité doivent se trouver à proximité des postes de travail pour ôter les projections de poussières ou autres corps étrangers dans les yeux. - La surveillance médicale
Pour les aciéristes exposés aux poussières de métaux lourds et de silice, aux agents cancérogènes, au bruit, et travaillant de nuit, il faut réaliser des visites médicales régulières dans le cadre d'une surveillance médicale renforcée :
- Tests respiratoires (spiromètre) à l'embauche pour détecter une déficience des fonctions pulmonaires et tous les 2 ans pour dépister l'apparition des troubles respiratoires.
- Radiographie thoracique si nécessaire, épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) conseillées,
- Audiogramme si nécessaire.
- Analyse annuelle du taux de plomb (plombémie) dans le sang.
- Interdiction d'exposition des femmes enceintes ou des femmes allaitant à des travaux les exposant au plomb métallique ou à ses composés.
- Généralement, il y a un long délai entre l'exposition et le diagnostic d'un cancer professionnel (en général au moins 10 ans et jusqu'à 50 ans) ce qui nécessite une traçabilité au travers de la rédaction d'une fiche d'exposition et d'une surveillance médicale régulière, à visée de dépistage, réalisées par le médecin du travail.
A sa sortie de l'entreprise, le travailleur exposé doit recevoir une attestation d'exposition qui lui permettra de continuer à se faire suivre médicalement. La reconnaissance d'un cancer professionnel est importante, car elle ouvre droit à une réparation intégrale du préjudice subi pendant l'arrêt de travail (indemnisation et gratuité des soins) et au-delà s'il y a des séquelles (capital ou rente d'incapacité).
- Le dossier médical doit stipuler la nature du travail effectué, la durée des périodes d'exposition et les résultats des examens médicaux. Ces informations sont indiquées dans l'attestation d'exposition et le dossier médical doit être conservé 40 ans après la cessation de l'exposition.
- Suivi post professionnel (article D. 461-25 du code de la Sécurité sociale) : quand le salarié n'est plus exposé ou part à la retraite, ce suivi permet d'assurer pour les cancers professionnels qui se déclareraient après, une réparation du dommage subi. - La formation et l'information du personnel
La formation, par un organisme agréé, sur les dangers des produits utilisés et sur les moyens de se protéger, est indispensable : par exemple, comprendre les étiquettes du contenant des produits, informer sur le risque potentiel de maladies pulmonaires et sur les moyens de les prévenir, connaître l'attitude à adopter en cas de fuite ou de déversement accidentel, savoir utiliser les E.P.I adéquats, formation aux premiers secours et incendie, formation PRAP (Prévention des Risques liés à l'Activité Physique) …
Juillet 2015
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