Des substances chimiques utilisées très couramment (dans les détergents, matières plastiques, cosmétiques, textiles, peintures, colles, conservateurs, pesticides, emballages ...) ont des effets néfastes sur le système hormonal, en perturbant le bon fonctionnement des glandes endocrines. Il y a un risque environnemental diffus pour toute la population, mais les caractéristiques de l'exposition professionnelle (dose, fréquence et durée) induisent des risques largement majorés pour certains métiers en contact avec des médicaments, solvants, pesticides, métaux dans les industries chimiques, pharmaceutiques, cosmétiques, plasturgiques, ... et dans le secteur agricole.
Des substances chimiques utilisées très couramment (dans les détergents, matières plastiques, cosmétiques, textiles, peintures, colles, conservateurs, pesticides, emballages ...) ont des effets néfastes sur le système hormonal, en perturbant le bon fonctionnement des glandes endocrines.
Il y a un risque environnemental diffus pour toute la population, mais les caractéristiques de l'exposition professionnelle (dose, fréquence et durée) induisent des risques largement majorés pour certains métiers en contact avec des médicaments, solvants, pesticides, métaux dans les industries chimiques, pharmaceutiques, cosmétiques, plasturgiques, ... et dans le secteur agricole.
Les perturbateurs endocriniens sont reprotoxiques, déséquilibrent le métabolisme, et sont suspectés de favoriser le développement de cancers hormono-dépendants.
Aux mesures de prévention collective permettant de limiter l'inhalation et l'absorption percutanée de perturbateurs endocriniens et favorisant le développement de produits de substitution, s'ajoutent le strict respect des règles d'hygiène au travail, le port impératif d'équipements de protection individuelle adaptés et il convient d'assurer la formation aux dangers de ces produits et la surveillance médicale des travailleurs exposés, notamment les femmes enceintes.
Les caractéristiques des perturbateurs endocriniens professionnels
Les perturbateurs endocriniens professionnels sont des substances chimiques d'origine artificielle étrangères à l'organisme (xénoestrogènes, etc.) qui peuvent nuire au bon fonctionnement du système hormonal : les perturbateurs endocriniens peuvent ainsi avoir des effets délétères sur le métabolisme, le système immunitaire et la reproduction. Ces produits peuvent agir à très faible dose. Il existe des périodes de vulnérabilité maximale aux perturbateurs endocriniens ; ce sont notamment ceux de la formation des organes génitaux in utero et l'âge de fécondité des femmes susceptibles de procréer ou étant enceintes ou allaitantes. Leurs effets s'ajoutent à ceux d'autres substances (effet cocktail) et ils sont susceptibles d'être transgénérationnels. Néanmoins, toutes les substances reprotoxiques n'agissent pas selon un mécanisme de perturbation endocrinienne. Par ailleurs, nombre de perturbateurs endocriniens, comme certains solvants ou composés métalliques, possèdent une autre toxicité beaucoup plus grave et aigue, tels les troubles respiratoires et nerveux ...
Les perturbateurs endocriniens sont soit des molécules produites dans un but médical (hormones sexuelles de synthèse pour les contraceptifs, hormones stéroïdiennes et corticostéroïdes...), soit des substances chimiques qui n'ont pas pour objet de provoquer un effet hormonal, mais qui imitent, modifient, ou bloquent les mécanismes de production ou de régulation des hormones ou des récepteurs des hormones naturelles.
La gravité de la toxicité des perturbateurs endocriniens est aussi déterminée par la capacité de la substance à séjourner dans l'organisme sans être éliminée rapidement (biopersistance) : l'élimination du tissu adipeux d'une substance liposoluble est habituellement lente, ce qui lui confère une dangerosité supérieure ; or, beaucoup de perturbateurs endocriniens sont des composés solubles dans les corps gras (lipophiles) et peuvent facilement s'accumuler dans les graisses ce qui est une caractéristique essentielle de leur toxicité chronique.
On dénombre à ce jour près d'un millier de substances susceptibles d'être des perturbateurs endocriniens et auxquels de très nombreux travailleurs sont exposés.
- Les solvants organiques
Lors de l'inhalation des vapeurs de solvants, celles-ci pénètrent dans les poumons et passent directement dans le sang, puis, du fait de leur forte liposolubilité, s'accumulent dans les graisses corporelles.
Si les vapeurs de solvants très volatiles agissent principalement par inhalation, quelques solvants très fluides parviennent à traverser la peau (éthers de glycol...) et certains solvants traversent le tissu lipo-cutané et, par voie sanguine, se diffusent dans le corps entier, dont notamment dans les tissus adipeux.
Les effets reprotoxiques causés par les solvants peuvent produire ou augmenter la fréquence d'effets non héréditaires dans la progéniture (embryotoxiques ou fœtotoxiques), ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives.... Par exemple, l'exposition aux solvants (trichloréthylène, ...), qui passent à travers la barrière placentaire, est spécialement dangereuse et concernent de nombreuses professions féminines (laborantines, employées des pressings ...) : l'exposition à ceux-ci est tout particulièrement dangereuse chez la femme enceinte car ils peuvent aussi entraîner des malformations congénitales ou perturber la grossesse et le développement du fœtus (risque tératogène et d'intoxication fœtale) en franchissant la barrière placentaire.
Par ailleurs, certains éthers de glycol (présents par exemple dans certaines peintures et colles) présentent un danger pour la fertilité.
Des anomalies sur la reproduction masculine ont été rapportées avec les solvants aromatiques (styrène, toluène, xylène), le bromopropane, le diméthylformamide (DMF), le tri et tétrachloréthylène, le tétrachlorure de carbone, le disulfure de carbone ...
Une augmentation des rares cancers masculins du sein a été notée pour les hommes en contact fréquent et prolongé avec des solvants organiques.
- Les métaux
Les fumées de métaux se dégagent des fours lors de la fusion ou lors de la coulée dans des moules, ou dans les opérations de soudure : ces fumées sont constituées de nombreuses poussières et microparticules métalliques.
Le mercure est un puissant reprotoxique car il peut s'accumuler toute la vie dans les glandes endocrines et le risque est particulièrement élevé quand l'exposition se produit sur le fœtus d'une opératrice enceinte. Le mercure est également toxique pour la reproduction chez l'homme.
Le plomb, le cadmium et le manganèse sont aussi suspectés d'avoir une influence négative sur la fertilité masculine, avec des effets œstrogéniques à des doses très faibles.
- Les pesticides et herbicides
De nombreux pesticides ou biocides sont des perturbateurs endocriniens avérés ou fortement suspectés. La fabrication ou l'application de pesticides, insecticides et herbicides (organochlorés, organophosphorés, pyréthrinoides, triazine ...) sont associés à des baisses de fertilité, chez l'homme et chez la femme, liées à leurs effets sur la spermatogenèse ou sur l'ovogenèse. Ils provoquent aussi des troubles du développement du fœtus, avec un accroissement du risque de morts fœtales et de malformations congénitales, principalement chez des femmes travaillant en milieu agricole ou à l'entretien des jardins, en milieu horticole, dans des serres ou comme vétérinaires.
Parmi les pesticides les plus reprotoxiques, dont certains sont désormais interdits dans l'UE, figurent le dichlorodiphényldichloroéthane (DDT), le dibromochloropropane, l'endosulfan, le chlordécone (avec un syndrome associant des troubles neurologiques et d'infertilité, reliée à son activité oestrogénique) etc....
- Les plastifiants
Des malformations génitales masculines, la diminution du nombre de spermatozoïdes ont été observés chez des ouvriers exposés aux plastifiants. Ces produits (phtalates, bisphénol A...) sont aussi suspectés d'affecter le métabolisme des sucres et des graisses.
Les phtalates (di-2-éthylhexyle DEHP etc.) sont couramment utilisés comme additifs des matières plastiques pour les rendre souples, en particulier pour le PVC, mais aussi présents dans les contenants alimentaires, les jouets, les médicaments, les vêtements, les cosmétiques...
Le bisphénol A (BPA) est présent dans de nombreux produits d'usage courant (emballages alimentaires, papiers thermiques, matériel médical, peinture, adhésifs...). Il s'agit d'un des constituants des plastiques rigides tels que le polycarbonate. La manipulation répétée de papiers thermiques conduit à des situations potentiellement à risques, pour les caissières par exemple.
- Les détergents
Les alkylphénols (nonylphénols, octylphénols...) sont des tensio-actifs présents dans les détergents, les produits de nettoyage, les cosmétiques et ils imitent les œstrogènes.
- Les ignifuges
Les agents ignifugeants, retardateurs de flamme polybromés (PBDE), sont des additifs que l'on trouve dans des produits ralentisseurs de feu utilisés en électronique, pour la protection des meubles et des textiles et dans des appareils électroménagers et les habitacles des automobiles.
Les PBDE interfèrent avec les hormones thyroïdiennes (il en est de même pour les composés perfluorés PFOA, utilisés comme antiadhésifs).
- Les conservateurs
Les parabènes (butylparabéne, propylparabéne ...) sont très largement utilisés dans les cosmétiques, les aliments, les boissons et les médicaments et ont activité œstrogénique.
- Les médicaments à action hormonale
Les œstrogènes, progestatifs et corticostéroïdes médicamenteux peuvent générer diverses troubles hormonaux chez des salariés du secteur de la production pharmaceutique.
Des effets des œstrogènes de synthèse sur les travailleurs et travailleuses de l'industrie pharmaceutique sont possibles lors de l'inhalation et parfois l'ingestion accidentelle, de particules d'œstrogène actif pur lors de la pesée, de la production et des tests d'assurance qualité.
Les principaux risques professionnels des perturbateurs endocriniens
L'estimation des effets des perturbateurs endocriniens sur la santé des travailleurs exposés est rendue très difficile en raison de nombreuses interrogations sur leurs mécanismes d'action, la multiplicité des substances concernées et des voies d'exposition, l'exposition à de faibles doses, du nombre d'années écoulées entre le moment où apparaît une maladie et celle de l'exposition au risque. Il y a une réelle difficulté dans l'établissement certain du lien entre l'exposition à un perturbateur endocrinien et l'apparition d'une pathologie : les perturbateurs endocriniens professionnels sont alors définis comme ceux qui accroissent considérablement le risque d'entrainer l'apparition de certains types de maladies et on les identifie par des études épidémiologiques et toxicologiques, à l'aide d'analyses statistiques de corrélation significative. Si pour une toxicité aigue, le rapport de causalité est clairement identifié et assez facilement mesurable, il n'en est pas de même pour la toxicité chronique des perturbateurs endocriniens qui est vraiment beaucoup plus malaisée à cerner avec précision.
- La reprotoxicité
Les perturbateurs endocriniens sont des produits qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent produire ou augmenter la fréquence d'effets nocifs non héréditaires dans la progéniture ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives. Ces produits altèrent la fertilité masculine (diminution du nombre de spermatozoïdes) et féminine (anomalies dans le cycle menstruel) et peuvent nuire à la grossesse et au développement du fœtus, et provoquer différentes malformations congénitales.
- Les troubles du métabolisme
En affectant le métabolisme des sucres et des graisses, les substances chimiques perturbatrices du système endocrinien pourraient être en partie responsables de l'épidémie d'obésité et de diabète, en facteur explicatif complémentaire à une alimentation trop riche et à une sédentarité accrue. Des effets sur les glandes thyroïde et surrénales ont été rapportés, qui peuvent altérer d'autres fonctions et comportements régulés par le système hormonal (croissance, appétit, sommeil, ...).
- Les cancers hormono-dépendants
Les effets cancérogènes sont suspectés dans l'apparition de cancers hormono-dépendants (sein, utérus, ovaire, prostate, testicules) qui sont en augmentation, associés à une fréquence accrue de nodules mammaires, fibromes utérins et endométrioses chez les travailleuses exposées.
Les mesures préventives des risques professionnels des perturbateurs endocriniens
La vigilance des dangers chimiques auxquels sont exposés les utilisateurs fréquents de perturbateurs endocriniens est d'autant plus importante que la latence des effets nocifs, leur caractère ténu au début de leur apparition, créent des conditions susceptibles de masquer longtemps la gravité de la situation.
Le process des grandes usines est fortement mécanisé et modernisé : la prévention collective résulte alors de l'utilisation de systèmes de fabrication capotés et automatisés et de dispositifs mécaniques comme l'extraction de vapeurs qui permettent de réduire l'exposition des travailleurs et de diminuer considérablement les risques chimiques. Le process en circuit totalement fermé minore aussi beaucoup les possibilités de sources d'exposition en automatisant les opérations et en éloignant les opérateurs. Si des installations automatisées, télécommandées et contrôlées à distance limitent beaucoup les risques, toutefois, des incidents dans l'automatisation des opérations, des fuites, des dysfonctionnements des asservissements... génèrent des dangers et nécessitent également des interventions de maintenance qui restent dangereuses. Par ailleurs, dans les petites unités ou les volumes traités sont bien inférieurs et de façon plus artisanale, les pratiques sécuritaires sont beaucoup moins mises en œuvre et maîtrisées.
La prévention passe d'abord par la mise en place de technologies qui permettent la suppression des perturbateurs endocriniens ou l'emploi de produits de substitution moins dangereux, par des actions sur les procédés supprimant ou limitant au maximum les rejets atmosphériques ou l'usage de perturbateur endocrinien.
Les moyens de prévention à mettre en œuvre pour pallier les risques professionnels des perturbateurs endocriniens résident ensuite dans la prévention collective (ventilation efficace de l'atelier et aspiration à la source des vapeurs, stockage des produits chimiques, respect des règles générales d'hygiène...) qui diminue fortement les expositions et la fréquence des accidents, puis dans la prévention individuelle (équipements de protection, hygiène au travail) qui en diminue nettement la gravité, enfin dans l'information et la formation à la sécurité des travailleurs et dans leur surveillance médicale.
Une surveillance médicale renforcée est obligatoire pour les salariés exposés aux risques chimiques des perturbateurs endocriniens.
- La suppression / substitution des produits les plus dangereux
La prévention la plus efficace est la prévention primaire avec la mise en place de technologies qui permettent des actions sur les produits (suppression ou emploi de produits de substitution de moindre impact potentiel sur l'homme et l'environnement) et/ou des actions sur les procédés (emploi de matériels ou de machines supprimant ou limitant au maximum les impacts sur l'environnement : très faibles rejets atmosphériques et volumes de déchets et d'effluents générés les plus faibles possibles).
La première étape consiste à repérer les produits reprotoxiques dans le cadre de l'évaluation des risques du Document Unique de Sécurité (DUS). Les Fiches de Données de Sécurité (FDS), obligatoires pour tout produit chimique dangereux, comportent les renseignements relatifs à la toxicité des produits, donc notamment leur caractère reprotoxique éventuel.
L'utilisation de certains solvants et pesticides est désormais interdite. La législation évolue en fonction des résultats des études toxicologiques qui peuvent être très longues et controversées.
La suppression des substances reprotoxiques et leur remplacement par une technologie propre (nouveaux procédés ou produits) lorsque c'est techniquement possible ou leur substitution par des produits beaucoup moins toxiques apparaissent comme des solutions prioritaires.
Exemples :
- choisir des produits de nettoyage sans Composés Organiques Volatils,
- choisir des adjuvants limitant la production de poussières lors des mélanges (granulés ou produits enrobés plutôt que les poudres),
- substituer un produit organique volatil par un produit aqueux,
- choisir des solvants les moins volatils (pression de vapeur plus faible)
Des fiches d'aide à la substitution sont disponibles sur le site de l'INRS.
- Une ventilation des lieux de travail adéquate
La ventilation et l'aération des lieux de travail jouent un rôle essentiel pour limiter la concentration de l'ensemble des vapeurs de toxiques dans l'air ambiant et les évacuer des lieux de travail, de façon à respecter les valeurs limites et éviter ainsi les conséquences sur la santé des travailleurs.
Les installations utilisées pour l'évacuation des vapeurs doivent faire l'objet d'une analyse de risques.
Les analyses de risques sont confiées à des spécialistes de la sécurité au travail (hygiéniste, ingénieur sécurité). Les rapports d'analyses de risques, d'intervention et de maintenance seront intégrés à la documentation de sécurité au travail de l'entreprise (DUS).
Les mesures et analyses peuvent être faites par l'employeur ou par un laboratoire agréé et le respect des valeurs limites doit être vérifié au moins annuellement.
Si la valeur limite d'exposition est dépassée, cela permet d'imposer un arrêt temporaire d'activité pour remédier à la situation.
Il existe deux techniques de ventilation : la ventilation locale par aspiration à la source et la ventilation générale ou la ventilation par dilution.
- Ventilation locale : on opère par le moyen de hottes et autres systèmes locaux de déplacement de l'air.
Des systèmes d'extraction de l'air comme des hottes et des tables aspirantes sont utilisées pour aspirer les contaminants près de la source d'émanation et filtrer l'air, ce qui prévient la contamination de l'air ambiant ; en particulier, c'est le cas des manipulations manuelles inévitables qui doivent être effectuées à un poste de travail muni d'un dispositif d'aspiration des vapeurs à leur source d'émission.
Les hottes ou plafonds filtrants et autres composants aérauliques comme les ventilateurs, les conduits entre autres doivent être accessibles et faciles d'entretien et de nettoyage. En particulier, les réseaux s'encrassent rapidement avec des filtres hors d'usage, une évacuation des condensats obstruée...
- Ventilation générale : la ventilation mécanique générale, extracteur d'air pour l'aspiration des vapeurs, doit assurer un renouvellement d'air en permanence afin de limiter les risques pour la santé, en évitant l'accumulation de vapeurs nocives, par extraction et soufflage : l'air est transporté dans le local par un ventilateur de soufflage et extrait du local par un ventilateur d'évacuation. L'extraction de l'air se fait grâce à un système de collecte par ces ventilateurs et des gaines de diffusion, réseau de conduits jusqu'aux filtres et aux épurateurs dans l'installation d'air soufflé qui permettent de nettoyer l'air, puis de l'évacuer à l'extérieur par rejet dans l'atmosphère.
- La ventilation générale des ateliers doit être déterminée en fonction des aspirations locales pour ne pas perturber l'efficacité des captages à la source.
- Une surveillance régulière de l'atmosphère, pour vérifier l'efficacité des mesures d'aspiration par dosages atmosphériques. Ces analyses métrologiques sont confiées à des spécialistes de la sécurité au travail (hygiéniste, ingénieur sécurité). Les rapports d'analyses, d'intervention et de maintenance seront intégrés à la documentation de sécurité au travail de l'entreprise (Document Unique de Sécurité).
- Il faut dimensionner les systèmes de ventilation et d'extraction avec des débits suffisants capables d'assurer en permanence une aération minimale afin d'éviter l'accumulation de substances nocives et les éventuelles fuites de vapeurs..., et d'évacuer les odeurs désagréables et les condensations.
- Enfin, pour limiter les émanations et évaporations à l'air libre, les récipients doivent disposer d'un couvercle bien refermé après usage, ainsi que les bidons et autres conteneurs et cuves de produits chimiques.
- L'utilisation d'équipements adaptés
En usine, l'aspiration à la source des vapeurs et aérosols doit se réaliser sur un poste de travail spécial, clos lorsque c'est techniquement et économiquement possible :
- machines fermées avec chambre de travail étanche : le travail en vase clos autorise le confinement maximal des produits utilisés, tout contact entre les opérateurs et les produits concernés pouvant être évité à chaque opération, avec automatisation de la plupart des taches.
- systèmes d'encoffrement et de captage au plus près des émissions, de façon à évacuer les aérosols et les vapeurs.
Toutefois, un procédé en système clos n'est pas une protection absolue du fait des fuites éventuelles et des ouvertures des appareils : c'est pourquoi, le respect des recommandations des constructeurs et un entretien régulier des machines sont des éléments essentiels pour limiter les risques accidentels et pour prévenir des émanations. Ainsi l'utilisation et l'entretien des machines doivent être effectués par un personnel qualifié, spécifiquement formé (respect scrupuleux des capacités nominale des machines...) : de nombreux cas de fuites accidentelles peuvent survenir au niveau de différents équipements, ce qui entraîne la nécessité d'une maintenance rigoureuse des machines avec contrôle de l'étanchéité et mise en œuvre de dispositifs anti-fuites des machines. Il convient en particulier de vérifier que les raccords des installations en circuit fermé, les joints pour empêcher les pompes de fuir, sont en bon état et correctement posés.
Des machines utilisées de manière non conforme ou mal entretenues et non vérifiées périodiquement créent un risque chimique supplémentaire.
Des installations de commandes des opérations à distance permettent de réduire l'exposition des travailleurs et surveillance par vidéo.
- Un stockage des produits chimiques rigoureux
Le stockage des produits chimiques présente des risques de chute ou de renversement d'emballage avec de fortes émanations ...
Toutes ces caractéristiques rendent nécessaire, outre les précautions lors de leur emploi, l'aménagement de locaux de stockage.
La réduction des risques existants passe par une réflexion sur la structure du local, sur les modalités de rangement et sur les incompatibilités entre les produits. Des procédures de stockage non adaptées peuvent entraîner une fragilisation des emballages à l'origine de fuites ou de ruptures accidentelles, de pollution, de réactions dangereuses ou d'accidents ou induire une modification ou une dégradation du produit qui le rend plus dangereux.
Le stockage des bidons et autres conteneurs de produits chimiques doit se faire dans un local ventilé et sur cuvette de rétention, et les récipients doivent toujours être bien refermés.
L'interdiction de fumer dans les locaux doit être absolument respectée et signalée de manière apparente (de même que toutes les autres consignes de sécurité).
Il faut stocker les plus faibles quantités de produits possibles car le risque d'incident ou d'accident croît avec la durée et le volume de stockage.
Les stockages de volumes importants doivent être traités selon les règles applicables aux stockages industriels, en se référant, s'il y a lieu, à la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement.
- Le sol doit être en matière ininflammable, imperméable, résistant aux produits chimiques
- et en légère pente vers un caniveau d'évacuation relié à une fosse de récupération.
- Les produits chimiques doivent être isolés du sol. Pour cela, il est possible d'utiliser des caillebotis (tout stockage doit être muni d'une cuvette de rétention).
- Il faut prévoir une réserve de matière absorbante à proximité du local.
- Le local doit posséder un système d'extinction incendie, et une douche et un lave-œil de sécurité doivent être installés à proximité.
- Les parois du local doivent être en matériaux ininflammables.
- Le respect des règles d'hygiène et de sécurité
Des lavabos, postes de rinçage oculaire et des douches de sécurité doivent se trouver à proximité des postes de travail. Celles-ci permettent les mesures d'hygiène générale : lavage des mains fréquent avec lave-mains à commande non manuelle (au genou, au coude, électronique), douche en fin de poste... En effet, le respect des règles d'hygiène s'étend aux comportements individuels : ne pas avoir les mains sales afin de ne pas ingérer par inadvertance un produit toxique et ne pas manger sur le lieu de travail.
Il convient, pour l'hygiène des mains, de se laver les mains et les avant-bras après le travail et avant de manger en utilisant un savon adapté et/ou une fontaine de dégraissage et sans jamais utiliser de solvant organique comme détachant.
Le personnel doit avoir à sa disposition des vestiaires et des sanitaires correctement équipés et en nombre suffisant. Des vestiaires doubles doivent être mis à la disposition des travailleurs : l'entreposage des tenues de travail doit avoir lieu à l'abri de la poussière et des souillures (le rangement des tenues de ville et des tenues de travail doit être séparé).
Les consignes en cas d'accident (n° d'appel d'urgence, conduite à tenir, identification des services de secours) doivent être visiblement affichées.
En application de pesticides ou en réentrée (intervention sur culture après que cette dernière ait été traitée), il est essentiel d'avoir une hygiène particulièrement rigoureuse : se laver les mains après chaque intervention, prendre une douche immédiatement après le traitement, laver ses vêtement séparément, remplacer tout vêtement souillé par des projections.
Une trousse contenant le matériel de premiers secours non périmé doit être mise à la disposition du personnel, toute blessure cutanée doit immédiatement être désinfectée et pansée.
- Le port d'équipements de protection individuel adéquat
Les équipements de protection individuelle sont nécessaires pour réduire le risque d'exposition non totalement éliminé par les mesures de protection collectives précédentes, ou lorsque les mesures de prévention technique ne suffisent pas dans le cas d'incidents : gants, vêtements de protection, masques respiratoires, lunettes de sécurité. Le choix des équipements de protection du corps, des yeux ou du visage, est fait en fonction des produits manipulés et des opérations spécifiques.
S'il y a possibilité de contact avec la main lors des manipulations ou transvasements par exemple, il s'avère indispensable de porter des gants de protection adaptés à la tâche effectuée et au produit manipulé. Il n'existe pas de gant de protection universel. Le type de gants conseillé, imperméables, à longues manchettes, pour éviter la pénétration des produits à l'intérieur, doit être adapté aux différents solvants utilisés (précisé dans la fiche de données de sécurité FDS) : gants en nitrile, butyle ...
De manière à ce que le personnel laborantin ne soit pas en contact avec les produits et se protège contre les diverses projections, une tenue est obligatoire en laboratoire. La tenue doit couvrir le corps et les bras (blouse, combinaison...), la charlotte la tête. La blouse, en coton ou en matière non inflammable, couvre les effets personnels et est mise à l'entrée de la salle technique, portée fermée et enlevée à la sortie de la salle technique.
Il convient de se protéger les yeux en portant des lunettes de sécurité enveloppantes dans les laboratoires, ou pour les opérations (prise d'échantillons, interventions sur les machines ou équipements) où des risques de projection sont possibles pour éviter les projections oculaires.
Les vêtements de travail et équipements de protection individuelle prévus pour les traitements phytosanitaires sont essentiels et comportent : les combinaisons de protection, les masques avec filtre à gaz ou lunettes selon les cas, les gants, les bottes de sécurité ou de protection.
- Une surveillance médicale renforcée
Pour les travailleurs exposés aux produits chimiques dangereux, il faut effectuer une traçabilité au travers de la rédaction d'une fiche d'exposition et d'une surveillance médicale régulière, à visée de dépistage, réalisées par le médecin du travail. A sa sortie de l'entreprise, le travailleur exposé doit recevoir une attestation d'exposition qui lui permettra de continuer à se faire suivre médicalement.
L'Union Européenne a classé les substances toxiques pour la reproduction en 3 classes :
1e catégorie : substance connue pour être mutagène ou provoquer des effets toxiques sur la reproduction humaine.
2e catégorie : fortes présomptions.
3e catégorie : substance préoccupante mais pour lesquelles les informations disponibles sont insuffisantes pour classer ces substances dans la catégorie 2.
Les produits connus pour perturber la grossesse et l'allaitement possèdent les étiquettes et phrases de risques suivantes :
R46 - peut causer des altérations génétiques héréditaires
R60 - peut altérer la fertilité
R61 - risque pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant
R62 - risque possible d'altération de la fertilité
R63 - risques possibles d'effets néfastes pour l'enfant
R64 - risque possible pour les bébés nourris au lait maternel
Les femmes enceintes ou allaitantes ne peuvent être maintenues à des postes de travail les exposant aux reprotoxiques, par exemple :
- Au mercure
- Au plomb métallique et ses composés
- Aux produits antiparasitaires dont l'étiquetage indique qu'ils peuvent provoquer des altérations génétiques héréditaires ou des malformations congénitales.
- A des agents toxiques pour la reproduction classés de catégorie 1 ou 2 ...
Pour les agents chimiques de catégorie 3, l'exposition des femmes enceintes ou allaitantes à ces substances, requiert une grande vigilance de protection individuelle.
Les modalités générales de la surveillance des travailleurs exposés à des agents reprotoxiques sont les suivantes :
- Suivi médical et toxicologique régulier, au moins annuel
- En cas d'anomalie, tout le personnel concerné doit bénéficier d'un examen médical.
- Fiche d'aptitude avec mention de l'absence de contre-indications médicales à l'exposition au risque après étude du poste de travail.
- Le dossier médical doit stipuler la nature du travail effectué, la durée des périodes d'exposition et les résultats des examens médicaux. Ces informations sont indiquées dans l'attestation d'exposition et le dossier médical doit être conservé après la cessation de l'exposition.
Comme il y a un long délai entre l'exposition et le diagnostic d'un cancer (en général au moins 10 ans et jusqu'à 50 ans), cela permet en particulier la reconnaissance d'un cancer professionnel, qui ouvre droit à une réparation intégrale du préjudice subi pendant l'arrêt de travail (indemnisation et gratuité des soins) et au-delà s'il y a des séquelles (capital ou rente d'incapacité).
Le suivi post professionnel (article D. 461-25 du code de la Sécurité sociale) permet, quand le salarié n'est plus exposé ou part à la retraite, d'assurer une réparation du dommage subi pour les cancers professionnels qui se déclareraient après.
Les modalités générales de la surveillance des travailleurs exposés à des agents chimiques reprotoxiques sont : fiche d'exposition aux produits CMR (Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques) et liste des salariés exposés aux produits chimiques dangereux.
- La formation et l'information
La formation, par un organisme agréé, sur les dangers des produits utilisés et sur les moyens de se protéger, est indispensable : par exemple, comprendre les étiquettes du contenant des produits, connaître l'attitude à adopter en cas de fuite ou de déversement accidentel, savoir utiliser les E.P.I adéquats, ...
Mai 2014
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